Andrew, 19 ans, rêve de devenir l’un des meilleurs batteurs de jazz de sa génération. La concurrence est rude au conservatoire de Manhattan, où il s’entraine avec acharnement. Il a pour objectif d’intégrer le fleuron des orchestres dirigé par Terence Fletcher, un prof féroce et intraitable. Lorsque celui ci le repère enfin, Andrew se lance, sous sa direction, dans la quête de l’excellence…
Avant LalaLand et Babylon, son dernier magnifique opus, le franco canadien Damien Chazelle avait livré un second long métrage, tiré de son expérience en tant que batteur professionnel, voulant montrer la dureté de cette discipline, l’exigence qu’elle recquiert pour arriver au sommet. Pas seulement autobiographique, Whiplash est surtout une nouvelle variation de Pygmalion et de son élève docile, décortiquant les mécanismes mentaux de l’un sur l’autre, de l’influence parfois sournoise qu’exerce le prof sur l’étudiant afin de tirer de lui le meilleur. Le récit décrit ainsi les méthodes fascistes utilisées pour entrainer l’élève dans un dépassement de soi, visant l’excellence et refusant la tiédeur ou l’à peu près. La création au prix de toutes les douleurs possibles (psychiques et physiques), voila en gros le programme de ce scénario au ressort tout de même assez répétitif et dont la démonstration ne se fait pas dans la subtilité. Chazelle met le paquet (on a depuis appris à apprécier ce style punchy et nerveux), sur une durée ramassée de 1H42: ce rythme endiablé trouve idéalement son tempo.
Niveau montage, le jeune cinéaste de 29 ans se démène pour dire un maximum de choses en un minimum de plans, allant à l’essentiel, quitte à pêcher par excès de rapidité justement. Le désir de réussite du jeune héros, par exemple, n’est palpable que quand il doit « prouver » à son prof qu’il a la rage, et moins avant, ce qui est un peu dommage. Comme si il lui fallait nécessairement la dévalorisation et l’humiliation pour « devenir » un grand musicien. Whiplash bénéficie en outre de deux atouts de poids: d’abord, l’acteur JK Simmons, incarnant ce prof de façon démentielle, quelque part entre le bourreau et l’artiste frustré (Oscar pour lui d’ailleurs) et surtout des numéros musicaux de haute volée. Le jazz, comme centre névralgique du film, fait qu’absolument tout repose sur lui.
ANNEE DE PRODUCTION 2014.