Bruno, journaliste communiste dont les convictions vacillent, est partagé entre sa compagne Gaelle et sa maitresse Nathalie. Deux autres femmes vont rentrer brutalement dans sa vie: Béatrice, en l’espace d’une nuit, le trouble franchement, avant qu’il se sente abandonné et tombe par « dépit » dans les bras de Mathilde…
Critique puis scénariste de renom, Pascal Bonitzer avait signé un film fort drôle avec Fabrice Luchini, Rien sur Robert, où il mettait en place une écriture sophistiquée, pleine d’esprit. Il remet ça avec cette comédie dramatique, moins légère, suivant le parcours hasardeux d’un quinquagénaire irrésolu, doublé d’un Don Juan misérable. Si sa mise en scène semble se chercher (à l’image de ce personnage égaré), le scénario suit une route pleine de surprises, n’allant jamais où l’on croit, prenant soin de rester allusif sur les enjeux et les aboutissants de cette histoire. Dans un décor naturel germanisant, entre forêts et montagnes, le personnage va d’une femme à l’autre, incapable de trouver un sens à ses désirs, et un peu incapable d’aimer aussi, certainement pas méchant mais d’une cruauté presque enfantine. Ces « petites coupures » sont autant les blessures qu’il inflige à ses maitresses que celles qu’elle lui laisse en le mordant ou en l’embrassant trop fort. Bonitzer est plus maladroit avec sa caméra qu’avec les mots, qu’il utilise toujours à bon escient et livre des dialogues savoureux retenant l’attention et maintenant un certain cap.
Qui dit belles répliques dit bons comédiens pour les restituer et dans cette optique, le choix de Daniel Auteuil en homme perdu et dispersé relevait de l’évidence. Il est parfait dans ce registre dans lequel on l’a peut être souvent trop vu. Réel plaisir aussi de croiser des actrices aussi différentes que Ludivine Sagnier, Emmanuelle Devos, Pascale Bussières en conquêtes délaissées, séduites ou simplement effleurées. Toutefois, le très bon point revient surtout à Kristin Scott Thomas, à la classe indiscutable, ayant remarquablement investi son personnage de bourgeoise mystérieuse. Baignant dans une ambiance de quasi thriller, Petites Coupures se situe quelque part entre la comédie triste et le drame gai, sans jamais tout à fait choisir son camp.
ANNEE DE PRODUCTION 2003.