Un jour, pourtant comme tous les autres, Laurence, professeur de français dans un collège, craque: elle doute d’elle même et de l’efficacité de son travail. Son compagnon, Pierre, vendeur en immobilier et plutôt boute en train, est impuissant devant sa détresse. Elle tâche de faire le point sur ses envies et prend une semaine de congés, espérant être plus éclairée ensuite quant à son avenir…
Dans la foulée de sa grosse production internationale ambitieuse La Mort en Direct, Bertrand Tavernier avait souhaité renouer avec un cinéma plus intimiste, plus tourné vers le social et il posa sa caméra tout naturellement dans sa chère ville natale de Lyon. Ce « petit » drame saisit ainsi la respiration particulière de ces rues, de ces petits « bouchons », des quais du Rhône, et s’attache surtout à dépeindre une femme en pleine crise existentielle. Prof de français, elle se trouve soudainement en phase « dépressive », ne voyant plus l’utilité de sa fonction et va jusqu’à douter de sa vocation. Trentenaire insatisfaite, pourtant aimée d’un homme drôle et à son écoute, elle envisage de tout quitter… Tavernier peint son premier vrai portrait de femme, avec une sensibilité peu étonnante de sa part, et avec l’aide de ses scénaristes Colo et Marie Françoise Hans, réussit une jolie chronique douce amère, à l’écriture fine, sur une profession qu’il considère comme un véritable sacerdoce et dont il fera, vingt ans plus tard, un autre constat encore plus pessimiste avec Ca Commence Aujourd’hui. L’auteur de L627 avait un don pour faire vivre des personnages secondaires ou même vus en seulement quelques minutes et à ce titre, les enfants et jeunes ados témoignant de leur vision de l’éducation constituent des points de vues précieux.
Perte des illusions, lassitude d’un système écrasant déjà le travail des enseignants, voila de quoi semble souffrir l’héroïne, superbement campée par une Nathalie Baye, délicate et émouvante. A ses côtés, des partenaires masculins tous excellents: Gérard Lanvin, parfait dans la décontraction et contrarié par le mal être de sa dulcinée, Michel Galabru en restaurateur intarissable et amoureux transi, et une apparition surprise de Philippe Noiret, le comédien fétiche reprenant comme un clin d’oeil son rôle de l’Horloger de Saint Paul, dirigé déjà par un Tavernier débutant. Avec une modestie non dénuée d’une foule d’idées, le réalisateur humaniste qu’il était nous invite avec cette Semaine de vacances à une tranche de vie toute simple, refusant toute dramatisation inutile.
ANNEE DE PRODUCTION 1980.