Dans une ville de l’Idaho, Charlie, professeur d’anglais reclus, en obésité morbide, vit dans son appartement et se goinfre, espérant en mourir. Dépressif depuis la mort de son compagnon, il tente maintenant de renouer avec sa fille adolescente de 17 ans, Ellie, qu’il a abandonné avec sa mère. Cette ultime chance de rédemption va t’elle aboutir?
Depuis quelques années, 2006 exactement et son opus nommé The Fountain, le réalisateur Darren Aronofsky a signé des oeuvres déroutantes, mystiques, excessives et souvent décevantes (l’épuisant Mother!). Tout avait pourtant bien commencé avec Requiem for a dream, un trip hallucinant sur les addictions en tous genres (tv, médocs, drogues, etc…) qui avait été un véritable choc cinématographique et placé son auteur très haut. Pour son dernier film, il adapte une pièce de théâtre écrite par Samuel D. Hunter, le récit édifiant d’une rédemption: celle d’un homme solitaire, atteint d’obésité morbide, pressentant sa fin approcher et décidant de renouer une relation apaisée avec sa fille. Sur le papier, cette histoire sentait déjà le mélo à plein nez, mais l’on pouvait espérer qu’Aronofsky allait en complexifier les enjeux et surtout en tirer un objet filmique passionnant. Or, déception sur toute la ligne, puisque ce The Whale (en rapport avec l’animal traqué de Moby Dick) possède toutes les tares du théâtre filmé étouffant: un huis clos lugubre sans possibilité de voir la lumière du jour, des dialogues empathiques et grandiloquents sur la souffrance humaine, des bons sentiments à la pelle et tellement peu d’émotions au final. Pourquoi? Parce que le réalisateur de Pi ne trouve pas ses marques dans la représentation forcément douloureuse d’un homme écrasé par son poids effarant, sa culpabilité d’avoir raté son existence, sa souffrance non résolue d’avoir perdu l’amour de sa vie, son acharnement à se gaver de nourriture pour s’autodétruire purement et simplement. En prime, Aronofsky nous refait le même coup qu’avec The Wrestler (au demeurant bien plus émouvant) dans lequel un ancien catcheur essayait de retrouver l’amour perdu de sa fille unique. Même thème pour un résultat bien moins accompli.
La représentation de l’obésité gêne également par son voyeurisme, la caméra insistant beaucoup sur les plans (pour ne pas dire les gros plans) de cet homme « monstrueux » que le scénario ne cesse de vouloir montrer comme un être au grand coeur. Le mélodrame 5XL (sans mauvais jeu de mots) veut tellement faire pleurer à tout prix qu’il en rate sa cible. L’intérêt premier, au fond, demeure la performance de Brendan Fraser (un rescapé d’Hollywood et ex star de La Momie), constamment dans la démesure et se donnant un mal de chien pour sûrement obtenir un Oscar. Il pourrait à la rigueur l’emporter, au contraire du film, vraiment trop peu subtil pour convaincre totalement.
ANNEE DE PRODUCTION 2023.