Archie Bolen, médecin à San Francisco, est en instance de divorce. Au cours d’une réception de charité, il est accosté par une jeune femme très belle du nom de Pétulia qui le drague ouvertement. Elle s’offre à lui, ils prennent une chambre d’hôtel mais se dérobe au dernier moment. Archie la recroise à plusieurs reprises et ne comprend pas pourquoi elle semble s’accrocher à lui, alors qu’elle est mariée à un jeune homme beau et riche, un peu violent aussi à ses heures…
Après les soubresauts du Swinging London, des prémices de la révolution sexuelle et de la comédie décomplexée, le cinéma de Richard Lester se pare d’une soudaine gravité avec ce Pétulia, sorte de comédie dramatique si tant est qu’on puisse réellement le classer dans une catégorie précise. Le ton y est très particulier, l’humour pince sans rire, la femme drague l’homme (fait quasi inédit à cette époque), et surtout le récit, éclaté, multiplie flash backs, images kaléidoscopiques, au point de dérouter le spectateur se demandant bien de quoi il retourne. Les scènes du début ont l’allure d’une comédie romantique originale, mais voila qu’ensuite, l’amertume prend le dessus (on y traite du divorce, de séparation difficile, et bientôt de violence conjugale), mais sans que jamais le film ne vire pour autant au drame pesant ou tragique. Cet entre deux, séduisant au départ, finit par laisser un peu de côté, ne nous incluant pas facilement dans une narration morcelée et insaisissable. L’amour qui s’exprime entre les deux protagonistes ne dit jamais clairement son nom, d’ailleurs ils ne parviennent jamais vraiment à former un couple.
Tout à la fois léger et nostalgique, le style de Lester ne rentre dans aucune case préconçue, ce qui est plutôt une qualité, bien que cela semble étrange de traiter pareille histoire de façon si « rocambolesque »! Le tandem d’acteurs se montre intéressant: George C. Scott, pas vraiment un bellâtre mais comédien convaincant est séduit par la très jolie Julie Christie, offrant quant à elle un numéro d’actrice étonnant, en femme « borderline ». Pétulia ne se hisse pas au rang d’une réussite incontestable, il reste une oeuvre curieuse et atypique. Y cohabitent l’incompréhension, l’insouciance, un romantisme feutré et surtout le désordre! Un désordre que Lester comptait parmi ses thèmes de prédilection, ca tombe bien!
ANNEE DE PRODUCTION 1968.