Georges, un jeune peintre d’affiches publicitaires, entre un soir dans un cinéma de la gare Saint Lazare et rencontre Yolande, une quadragénaire très belle et très mariée, avec qui il noue bientôt une tendre romance. Leur relation dure un temps, jusqu’au jour où le mari de Yolande convoque Georges sur son lieu de travail pour « discuter » de cette liaison adultère dont il a eu bien sûr connaissance…
L’auteur de ce tout premier long métrage s’appelle Jacques Robin et son métier principal fut d’abord directeur de la photographie, notamment sur des oeuvres de Robert Hossein. L’envie lui vint de passer derrière la caméra et autant dire que cette « lubie » ne lui a pas porté grande chance. Ces Pas Perdus (joli titre au demeurant) ne fonctionne pas du tout et à bien des égards hélas. Robin a choisi l’axe du drame romantique pour raconter cette histoire d’amour entre une femme quadragénaire et un jeune séducteur sans le sou, qu’une passion vive va réunir, défiant toute vraisemblance. L’attirance qu’ils éprouvent l’un pour l’autre parait tout de suite fort factice, prétexte à montrer une union adultère sortant des sentiers battus par la différence d’âge et leur milieu social aux antipodes. Le scénario se déroule sans grande inspiration, un peu au gré des flâneries de Georges, le héros principal, se désignant lui même comme un « amant incomparable » (rien que ça) et fier d’avoir attiré dans ses filets une épouse et mère de famille « respectable », que l’on sent surtout curieuse de braver les interdits. Le récit ne prend donc aucune épaisseur ni enjeux, et la mise en scène de Robin le rend encore plus insipide, par manque de talent et de perspectives claires.
Sans une once de surprises, la liaison -aussi touchante qu’elle cherche à être- ne peut que mal finir, ou du moins tourner court, et seulement par le biais d’une explication écrite de la main de la femme adultère. Il s’agit d’ailleurs du plus joli passage de ce film dépassé, où les mots apportent quelques grammes d’émotion (bien trop tardives) pour accorder notre intérêt. Plus gênant, malgré leurs auras respectives, l’alchimie du duo Jean Louis Trintignant/Michèle Morgan n’a pas lieu. Comme s’ils jouaient chacun dans leur coin, sans jamais trouver de points concordants. Résultat sans appel: une oeuvre oubliée, perdue dans les limbes d’une production française alors complètement chamboulée par la Nouvelle Vague.
ANNEE DE PRODUCTION 1964.