Charles Devallières coule une vie confortable et heureuse avec sa femme Hèléne et leur fils. Il dirige un cabinet d’assurances et elle profite de la vie. Un jour, il la soupçonne d’avoir un amant et de le tromper. Il engage alors un détective privé pour en avoir le coeur net. Ce dernier identifie rapidement un homme, Victor Pégala, qu’Hèléne va visiter plusieurs fois par semaine en toute discrétion à son domicile…
Situé dans la filmographie de Chabrol entre Les Biches et Que la bête meure, La Femme Infidèle se place sans nul doute parmi les plus grandes oeuvres du maitre du suspense français, toujours sous l’influence constante de son idole Alfred Hitchcock. Avec un sens aigu de la mise en scène, Chabrol délivre un film au déroulement « silencieux », discret, dans lequel le drame bourgeois qu’il affectionne tant se joue en sourdine, au plus haut niveau de sa précision. En effet, dans cette histoire d’une simplicité nette, rien ne dépasse: dans ce couple « parfait », la faille se trouve dans l’infidélité de l’épouse, comme nous l’indique clairement le titre. Pourtant ici, pas d’amant dans le placard, mais un mystère soigneusement dosé où le mari enquête lui même sur les agissements de sa femme et en tire toutes les conclusions qui s’imposent! L’auteur de Landru installe sa caméra tranquillement pour filmer ses êtres d’une placidité inquiétante et les regarde mentir, truquer, faire semblant… Le plus brillant est qu’il élabore son récit de manière feutrée et sans fracas, le rendant du coup plus « dérangeant » encore.
La contribution du couple Bouquet/Audran apporte évidemment beaucoup à l’ambiguité des rapports, au trouble ressenti face à leur union à la fois limpide et sûrement moins idyllique qu’elle en a l’air. Michel Bouquet joue ce mari trompé avec un calme olympien très efficacement et Stéphane Audran, plus belle que jamais, sait instiller le doute et la duplicité voulues pour le rôle. Maurice Ronet, quant à lui, hérite de l’emploi de l’amant avec tout le charme qu’on lui connait. Une ambiance pesante et malaisante ressort de cet opus actant admirablement le style d’un de nos meilleurs réalisateurs.
ANNEE DE PRODUCTION 1969.