En 1947, lors d’une visite de Chypre, Kitty Fremont, une infirmière américaine, veuve d’un correspondant de guerre, est témoin de la manière dont les Britanniques interceptent les Juifs en partance pour la « Terre Promise ». Peu à peu, elle se prend de sympathie pour la cause sioniste, notamment grâce à Karen, une adolescente de 15 ans qu’elle voudrait adopter et ramener en Amérique. Elle fait aussi la connaissance du Colonel Ari Ben Canaan, viril et déterminé organisateur de l’exode massive de juifs…
Réalisateur hongrois exilé aux Etats Unis où il a oeuvré dans des genres très différents avec un succès certain (le western La rivière sans retour, le polar Laura, le drame Bonjour Tristesse et même une version de Jeanne d’Arc), Otto Preminger adapte le roman homonyme de Léon Uris, avec l’aide du scénariste Dalton Trumbo et se lance dans la seule grande fresque épique de sa carrière. L’ambition chevillée au corps, il en fallait, pour prétendre raconter la Création de l’Etat d’Israêl et il tente de donner de l’importance à tous les points de vue des protagonistes de ce pan d’Histoire monumental! Il explore ainsi les sentiments des juifs face à leur condition, leur désir de revenir sur leur terre, mais aussi le refus de l’Empire Britannique de les laisser acquérir leur indépendance, et bien sûr la résistance des Arabes, peu enclins à partager leur territoire. C’est d’ailleurs sur cette partie que le film pêche le plus, par excès de schématisme, et conserve son aspect hollywoodien pour « parler » au public international. Preminger réussit globalement à capter tout notre intérêt malgré une durée très longue de 3H15, décourageante au premier abord, essayant de garder un cap jusqu’au bout. En mêlant le spectaculaire et l’intime, le cinéaste frôle l’académisme et ne sombre pas dans une vision trop manichéenne du propos. Politiquement bien sûr, les raccourcis gêneront les férus d’Histoire et trouveront des contre vérités à reprocher au film, sûrement trop romancé et stéréotypé, il n’empêche que les images et surtout la multiplication des personnages et intrigues restent adroitement agencées.
Parmi les vedettes employées, Paul Newman en héros dur et impénétrable livre un jeu assez raide qui tranche avec la douceur et la bonté émanant de celle d’Eva Marie Saint. Leur romance ne prend pas trop de place dans le récit, tout en ajoutant un peu de sentimentalisme bienvenu. Exodus, leçon de cinéma didactique ou pas? Sans aller jusque là, le final en tout cas montre combien la problématique du conflit israélo palestinien demeure encore d’actualité et l’aventure humaine qu’il relate suscite débats et discussions. Ce peuple en quête d’identité méritait bien une fresque d’envergure pour la mémoire.
ANNEE DE PRODUCTION 1960.