Un voleur de tableaux, Alphonse, a pour receleur Tonton, un brocanteur. Il est en contact avec une bande de malfrats qui organisent un cambriolage foireux, qui tourne mal. Au final, c’est Alphonse qui se retrouve arrêté et écope de cinq ans de prison. Il en nourrit une haine tenace contre ceux qu’ils nomment désormais les « cloportes » et se jure de se venger dès sa remise en liberté…
Après le coup d’éclat mythique des Tontons Flingueurs, le public réclamait des films policiers dans la même veine, plus « comique » que sombre, avec sa galerie de voyous redoutables et attachants à la fois. Le réalisateur Pierre Granier Deferre adapta alors deux ans plus tard ce roman du même nom d’Alphonse Boudard et s’associa au très convoité Michel Audiard. L’histoire de ce casse minable aboutissant à l’arrestation d’un caïd, bien décidé ensuite à régler ses comptes avec ses acolytes enfuis, ne possède en soi rien d’exaltant et sent même le déjà vu, ce n’est pas de ce côté ci qu’il faut chercher les qualités de ce polar franchouillard. Les vrais plaisirs du film sont en effet concentrés dans deux aspects précis: les dialogues et les acteurs qui doivent les restituer. Au niveau des répliques, Audiard se révèle en grande forme avec une multitude de bons mots, d’expressions réellement bien troussées, de réparties brillantes (et pour certaines aussi gratinées que vulgaires). Granier Deferre ne se foule pas des masses dans sa réalisation peu tonique, se reposant justement beaucoup sur le style inimitable d’Audiard.
En second cadeau tombé du ciel, l’interprétation de chacun ajoute une vraie valeur et autour d’un Lino Ventura goguenard et hyper à l’aise, ses complices sont incarnés par un groupe de comédiens haut de gamme: Charles Aznavour, Maurice Biraud, Georges Géret, Daniel Ceccaldi et l’immense Pierre Brasseur campant un amateur d’art pleurnichard. Les femmes sont moins à la fête (comme souvent dans ces polars de « mecs ») même si on peut noter la présence de la truculente Françoise Rosay. Pour toute cette bande, la joie de découvrir ces cloportes s’agiter, se trahir et se disputer fait de cette Métamorphose une comédie policière parodique sans prétentions.
ANNEE DE PRODUCTION 1965.