Jean Dominique Bauby, rédacteur en chef du magazine Elle, est victime d’un AVC très lourd à seulement 44 ans. Il s’en sort par miracle, mais se retrouve entièrement paralysé, privé de paroles et de gestes. Seules ses paupières peuvent encore s’exprimer! C’est par ce moyen là qu’il va entreprendre de raconter son histoire, aidé par une femme notant ses mots un par un, et retranscrivant ainsi sa pensée…
Avec un sujet aussi casse gueule entre les mains, on pouvait craindre que l’auteur de Avant la Nuit et Basquiat, Julian Schnabel, ne cède à la tentation de tomber dans l’évocation forcément larmoyante d’une vie humaine totalement brisée. Celle de ce journaliste souffrant du « Locked in Syndrom » , un état végétatif, dans lequel le corps tout entier est paralysé alors que le cerveau reste alerte et que la conscience n’est pas altérée. Un courage et une force hors du commun ont poussé Bauby à « survivre » avec la seule capacité de communiquer avec un seul oeil, dictant ainsi tout le récit qui deviendra ensuite un best seller. Adapté à l’écran pareille histoire nécessitait de prendre de la hauteur et Schnabel relève ce défi grâce à une mise en scène aérienne et surtout sans cesse inventive. Il s’autorise toutes les audaces (caméra subjective, cadrages fixes ou distordus, flash backs du temps d’avant sous forme de rêves ou d’images quasi subliminales) et son scénario ne reste ainsi pas cloué au sol, comme son pauvre héros enfermé dans son handicap majeur. En lui donnant la possibilité par l’imagination et l’extrapolation de s’échapper au moins en pensées, il injecte aussi à son film un souffle de liberté salvatrice, comme le regain d’énergie que la maladie s’acharnait à laisser éteinte. Quelques notes d’humour parsèment aussi des séquences inattendues et Schnabel fait également vraiment exister le monde et les autres autour de Bauby: les médecins, les femmes, les amis, les enfants…
Le message universel de combat que délivre Le Scaphandre se voit renforcé par une distribution originale et mélangeant des acteurs d’univers différents. Il y a les belles compositions d’Anne Consigny en accompagnatrice précieuse d’écriture, Emmanuelle Seigner en épouse impuissante mais digne, Patrick Chesnais en médecin très humain, mais aussi Niels Arestrup, Marie Josée Croze, Jean Pierre Cassel et Max Von Sydow campe superbement le père dévasté par le calvaire enduré par son fils. Bien sûr, celui qui est au centre de toutes les attentions, c’est Mathieu Amalric, tenant admirablement ce rôle difficile, condamné à son infinie solitude. Un beau film émouvant et lumineux malgré la « lourdeur » dramatique de son propos. Prix de la Mise en scène à Cannes.
ANNEE DE PRODUCTION 2007.