Rome, années 80. Salvatore, cinéaste, apprend que son vieil ami Alfredo est mort. Quarante ans plus tôt, en Sicile, Salvatore surnommé Toto hantait le cinéma Paradiso, dans lequel Alfredo travaillait en tant que projectionniste. Quand il n’était pas à l’école ou à l’église, les deux hommes s’enfermaient dans la cabine de projection et l’adulte apprenait la vie au petit grâce aux mélos et aux comédies qui passaient sur l’écran…
Dans la véritable tradition du néoréalisme italien « inventé » par Roberto Rossellini, Cinéma Paradiso est l’oeuvre de son compatriote Giuseppe Tornatore et sûrement un des plus beaux hommages rendu à la magie du cinéma et aux salles d’antan. Le Paradiso, cinéma paroissial, fréquenté par ce petit garçon fasciné par le pouvoir des images devient ainsi le lieu de l’action, où se noue l’amitié qu’il partage avec un vieux projectionniste plein d’humanité, une relation quasi filiale très forte. Tornatore navigue entre les époques, va de flash backs en souvenirs et livre un film tendre, à la poignante nostalgie, celle d’un temps où la télévision et la surconsommation n’avaient pas encore tué le grand écran. L’autre thème crucial est bien sûr celui de l’enfance, de ses émerveillements, de son innocence et de sa pureté, le scénario insiste bien sur cette période bénie pour expliquer le cheminement de Toto, de son devenir à l’âge adulte et même de ses amours contrariées. Le portrait de ce petit village italien, de cette amitié et de cet amour immense pour le cinéma touche par sa simplicité et sa mélancolie intenses.
Cinéma Paradiso ne serait peut être pas aussi émouvant sans la musique inoubliable d’Ennio Morricone, douce, caressante et un peu triste à la fois, dont les notes nous restent en tête longtemps après la projection. Enfin, l’interprétation de Philippe Noiret en projectionniste à la belle âme est prodigieuse, tout comme la participation plus courte de Jacques Perrin incarnant le Toto adulte et revenant sur les lieux de son enfance. Le petit garçon, Salvatore Cascio, casté juste sur une photo, éblouit par son regard et son sourire imprégnant bien la caméra. Dans un final hautement romanesque et frôlant le mélo, le film s’achève en nous donnant l’envie de voir et revoir toutes les oeuvres tirées des extraits. Cette célébration du 7e Art, sous forme d’aventure humaine, mérite sa place au panthéon des classiques à voir et revoir. Prix Spécial du Jury à Cannes.
ANNEE DE PRODUCTION 1989.