Ancienne égérie de la mode, Lou Andreas Sand, s’est isolée dans une maison au bord de l’océan, où elle tente de vivre autrement. Abimée par une grave dépression, elle reçoit la visite de son ami photographe Aaron. Celui ci vient enregistrer des entretiens en vue de réaliser un film sur sa vie. Au fil de son récit, Lou exhume des souvenirs de son ascension, puis de sa déchéance…
A l’origine de ce tout premier long métrage, l’envie de Jerry Schatzberg, photographe de mode à la base, de raconter l’histoire de la vie de la top model Anne St Marie et d’en romancer une bonne partie pour les besoins de la fiction. Pour ce galop d’essai, il tente de retrouver la même esthétique glacée des couvertures de magazine qui ont fait sa gloire et il pousse la sophistication à son comble avec des images très léchées, parfois au détriment de son récit. Construite en puzzle pour approcher au plus près les pensées et les évocations de l’héroïne qui se trouve être aussi belle que mentalement perturbée, la narration navigue du présent au passé, de flash backs en instants fantasmés, et a pour principal défaut de se répéter un peu, surtout dans les phases décrivant les humeurs négatives de cette femme déséquilibrée. Schatzberg doit par contre être applaudi pour sa louable tentative de cerner au mieux une âme en perdition, sans le recours à l’hystérie obligatoire à ce type de sujet. Drame psychologique plus subtil qu’il n’y parait, ce portrait féminin cherche d’abord à briller esthétiquement et ensuite émouvoir avec cette trajectoire de vie brisée.
Que serait cette oeuvre sans son actrice? Au faîte de sa popularité, Faye Dunaway, révélée trois ans plus tôt dans Bonnie and Clyde, se met totalement en danger dans ce rôle complexe, et délivre un numéro de haute voltige tout à fait fascinant. Parce que le film ne manque pas de raconter les tourments provoqués par la célébrité et la pression engendrée par un perfectionnisme impossible à atteindre, Dunaway sait qu’elle joue aussi quelque part son propre rôle d’une certaine manière. Alors qu’importe que le résultat global soit quelque peu imparfait, c’est le cheminement de la photo au cinéma qui captive chez Schatzberg et c’est évidemment le plaisir intense d’admirer une comédienne crever l’écran.
ANNEE DE PRODUCTION 1970.