Dans le désert californien, un pneu serial killer mystérieusement attiré par une jolie jeune fille, sème la terreur. La police, démunie, se lance à ses trousses…
Après deux films assez confidentiels Nonfilm et Steak, le réalisateur Quentin Dupieux (également connu pour ses travaux de musique électronique sous le pseudo de Mr Oizo) va encore plus loin dans l’exploration de l’absurde et du « non sens », désormais sa marque de fabrique. Dans Rubber, il est question d’un pneu (oui oui un simple pneu!!) aux pouvoirs psychokinétiques, parvenant à faire exploser la tête des gens par la seule force de sa pensée. Ce pitch totalement barré (qu’il fallait oser imaginer) se situe donc évidemment du côté de l’humour le plus déjanté, mais aussi d’un humour macabre qui revisite allégrement les codes du cinéma fantastique. Avec sa galerie de personnages hors du réel, Rubber se moque également du spectateur de cinéma moyen ultra consommateur d’images, en disséquant leur comportement voyeuriste obscène et Dupieux pratique la mise en abyme avec délectation. Le « film dans le film » appuie l’aspect délirant, tout en jouant avec la distanciation et l’expérimental (les effets spéciaux dignes d’une série Z se veulent bien sûr plus rigolos qu’impressionnants). Le pneu, tel un véritable serial killer invincible, possède tous les éléments qu’il lui faut pour « inquiéter »: noir, imprévisible, obsédé sexuel, agressif et fasciné par une demoiselle solitaire au physique attractif. Le réalisateur du Daim envoie bouler les conventions du cinéma mainstream traditionnel, se permet toutes les audaces et laissera certainement une partie du public sur le bord de la route, que l’on soit ou non amateur d’absurde et de surréalisme.
Tourné en anglais avec des comédiens américains comme Stephen Spinella (vu dans Grey’s Anatomy et Harvey Milk), Jack Plotnick et Wings Hauser (surtout connus à la télévision) et une actrice française Roxane Mesquida, découverte chez Catherine Breillat (A ma soeur, Sex is comedy), ce troisième long métrage de Dupieux multiplie les gags potaches et le grand n’importe quoi avec une jubilation non dissimulée, quitte à se répéter et à lasser sur la durée. D’ailleurs le film essuie quelques longueurs malgré tout, sur lesquelles on peut être indulgent vu l’originalité remarquable de son idée de départ. Depuis, Quentin Dupieux trace sa route, comme son fameux pneu, en roue libre dans un cinéma français qu’il dynamite sans se prendre au sérieux. Un artiste définitivement à part.
ANNEE DE PRODUCTION 2010.