Le Baron Frankenstein rêve de restaurer la gloire de la Serbie, alors il construit des monstres dont les enfants deviendront plus tard la nouvelle race ultime. Déterminé à ce qu’elles soient fécondes, il vise à doter le corps masculin du cerveau de quelqu’un possédant une puissante libido…
Dans cette version revisitée du mythe de Frankenstein, le fameux baron cherche à créer un couple de créatures « parfaites » en se procurant par ci par là des élément humains, soit déjà morts soit à tuer soi même! A la tête de ce projet, le cinéaste underground gay Paul Morrissey, assisté à la production par Andy Warhol (que l’on ne présente plus) et forcément leurs deux personnalités mêlées ne pouvait accoucher que d’un produit « hors normes », totalement barré! Au menu: de l’ultra gore, des corps démembrés et découpés, des décapitations et des trépanations, des jeux douteux avec les entrailles, bref des mutilations en série à toutes les sauces et en plus de l’érotisme soft avec messieurs et mesdames nues! A la fois kitsch et trash (les deux ne sont pas contradictoires ici), ce patchwork de cinéma Bis assume son grand guignol exagéré: à le revoir aujourd’hui, le tout a pris des rides mais reste joyeusement décadent et rigolo à regarder. En somme, un film d’horreur oui, avec assez de second degré pour ne pas frémir d’effroi devant ces expérimentations dégoûtantes. L’horreur était supposée atteindre son apogée grâce au procédé 3D employé pour la projection et bien entendu en version « plate », les chairs manipulées ne rendent pas le même effet.
En tête de la distribution, le fascinant Udo Kier, campant le baron scientifique dément et imprimant l’image de ses yeux bleus acier, froids comme la mort. On trouve aussi Joe Dallessandro, le bel étalon (mais piètre acteur) de Je T’aime moi non plus de Gainsbourg. La sculpturale Dalila Di Lazzaro « jouant » avec son corps pour seul grand talent fait également partie du casting. Morrissey intègre son univers camp, ses éphèbes anars et son sens de la provocation à ce Frankenstein ne ressemblant à aucun autre. La question est la suivante: y rit on autant que devant le Frankenstein Junior de Mel Brooks, sorti exactement la même année??
ANNEE DE PRODUCTION 1974.