Nouvelle Orléans en 1959. Un riche promoteur immobilier, Michael Courtland, voit sa vie basculer lorsqu’à la suite d’un enlèvement qui tourne mal, sa femme adorée Elisabeth et leur fille Amy sont tuées de manière atroce. Seize ans plus tard, lors d’un voyage à Florence, Michael retourne dans l’église où il avait jadis rencontré son épouse et rencontre… son sosie en la personne de Sandra, une jeune étudiante en Histoire de l’Art…
Pratiquement toute l’oeuvre de Brian De Palma (excepté son remake de Scarface) tourne autour de son admiration et son amour sans bornes pour son maitre Alfred Hitchcock, au point parfois d’avoir été accusé de plagiat, en utilisant les mêmes ficelles et des thèmes chers au roi du suspense britannique. Jamais autant qu’avec cette oeuvre, De Palma ne lui a rendu hommage, en particulier avec cette histoire d’un homme obsédé par le souvenir d’une morte, qu’il a passionnément aimé et malheureusement perdue dans des conditions tragiques. Vertigo hante bien sûr l’entièreté du film, en charriant à la fois les motifs du doute, de la trahison, du remords et le phénomène de « déja vu » joue sa carte à fond la caisse. Avec ce huitième long métrage, De Palma nous plonge (en collaboration avec Paul Schrader au scénario) en plein mystère en y ajoutant un romantisme survolté, une impression d’assister à un rêve (ou un cauchemar) éveillé vaporeux, et l’étude aussi bien psychologique qu’émotionnelle d’une fascination morbide. Sa belle mise en scène, allant de travellings ingénieux à des mouvements de caméra recherchés, fonctionne complètement et va dans le sens que compte prendre l’intrigue: nous embarquer dans l’incertitude, l’angoisse, et même l’onirisme! La petite réserve que l’on peut lui reprocher étant de flirter dangereusement avec l’exercice de style un peu vain.
L’efficacité plastique, l’emploi de la musique envoutante de Bernard Hermann (pour rester encore plus dans l’univers de Sir Alfred), le déroulement intelligent du drame font pourtant d’Obsession un des meilleurs opus de l’auteur de Pulsions. Dans le rôle du héros fou d’amour, Cliff Robertson livre une prestation convaincante, face à Geneviève Bujold (dans un double emploi) entre douceur et fragilité et John Lithgow, très bon, en associé trouble. De Palma sait comment nous entrainer sur des chemins obscurs, faisant progressivement monter la tension, mêlant à la fois le drame et le policier, jusqu’à un dénouement frisant de très peu le ridicule et l’invraisemblable. Il a très bien intégré que le cinéma n’est que faux semblants, chausses trappes, illusions portées à leur apogée, que tout est affaire de point de vue.
ANNEE DE PRODUCTION 1976.