En Juin 1944, lors du débarquement des Alliés en Normandie, un musicien adolescent, Michel, sa mère Marcelle et une jeune femme fantasque, Yvette, partent à bicyclette sur les routes de France, pour rejoindre la ville de St Lo, bravant ainsi tous les dangers…
Récit totalement autobiographique du compositeur Michel Legrand, aux dizaines de mélodies reconnaissables entre toutes, Cinq Jours en Juin relate en effet sa période adolescente, sa fuite sur les routes françaises pour échapper aux Allemands, accompagné de sa mère et d’une femme rencontrée par hasard dans une gare désaffectée. Legrand n’avait jusque là jamais touché une caméra, ni contribué à l’élaboration d’un long métrage de fiction, et il « répare » cet état de fait en se lançant à plus de 55 ans dans la réalisation de cet unique opus filmique, bien décidé d’abord à rendre un vibrant hommage à sa maman et au passage parler de ses premiers émois amoureux et de sa passion pour la musique. Avec honnêteté et pudeur, il compose un scénario certes convenu, mais non dénué de tendresse et parvient autant à amuser qu’à émouvoir avec simplicité. Sa mise en scène de débutant possède bien des défauts et les maladresses ne manquent pas à l’appel, donnant un aspect très « télévisuel » à l’entreprise: cette faiblesse condamne un peu l’intrigue à un déroulement sans surprises, même si elle se laisse suivre avec un plaisir indéniable. La mélancolie et la nostalgie, palpables tout du long, composent les deux éléments essentiels de ce film très personnel, à la limite de la mièvrerie par moments, toujours sur le fil entre pathos et émotion.
Heureusement, le lot de consolation le plus solide est à chercher du côté du casting! Le beau duo d’actrices aussi talentueuses que bien assorties apporte entrain, folie, fraicheur et charme! Sabine Azéma, tornade brune drôlissime, sexy en diable, donne la réplique alerte à Annie Girardot, alors en plein « creux de la vague » et campant la mère du jeune protagoniste, avec toutes les nuances dont elle est capable. Michel Legrand adolescent est joué par un dénommé Matthieu Rozé, plus faiblard que ses deux partenaires féminines bien plus expérimentées. Ce joli film imparfait mérite qu’on le redécouvre pour mieux connaitre la trajectoire de vie du musicien des Demoiselles de Rochefort et d’un Eté 42, auquel on ne peut s’empêcher de penser à l’évocation de l’idylle naissante, face à la fureur des événements.
ANNEE DE PRODUCTION 1989.