Gloria et Frances se sont rencontrées dans les années 80. Elles se sont aimées comme on aime à 16 ans: à coups de drogues, d’alcool, d’excès en tous genres et surtout en rebellion contre tous. Puis la vie les a séparées et ont pris des chemins bien différents. Vingt cing ans après, Frances, devenue présentatrice d’une émission littéraire, revient chercher Gloria…
En 2000, l’écrivaine provocatrice Virginie Despentes avait secoué la planète cinéma et bousculé la bien pensance générale avec l’adaptation de son roman choc Baise Moi. Depuis, elle s’en était remis à la littérature et accouche là de son second opus. Elle signe son retour en portant à l’écran un de ses derniers bouquins, Bye Bye Blondie, racontant l’histoire d’amour homosexuelle aussi passionnée que tumultueuse de deux gonzesses « hors des clous », enragées contre une société qui les méprise, assoiffées de rock n’roll et épousant le mouvement punk. Le film démarre de nos jours, puis déroule son intrigue par des retours en arrière finement introduits, afin de relater la rencontre de ces deux filles immédiatement aimantées par leurs caractères explosifs et leur rage d’aimer, tout en bouffant la vie par tous les bouts. Despentes se soucie beaucoup moins de sa mise en scène foutraque et « à la ramasse » pour mieux se concentrer sur cette romance (peut être autobiographique) devenue très compliquée par le fossé social creusé entre celle qui a réussi en devenant célèbre à la TV et l’autre, végétant à droite à gauche, Rmiste assumée, vomissant la bourgeoisie, responsable selon elle, de tous les maux. On reconnait bien là dans ce personnage la marque et le style Despentes: à la fois trash, anticonventionnel, furieux et bruyant! Les retrouvailles des deux amoureuses s’avèrent plus orageuses qu’idylliques, même si (étonnamment) le sexe n’y est pas filmé de manière crue comme dans La Vie d’Adèle: le romantisme presque fleur bleue surprend de la part de l’auteur de Cher Connard.
Mais le film tient réellement debout grâce à son casting gonflé et hyper médiatisé, jusque sur son affiche ouvertement lesbienne, annonçant bien la couleur! Le couple formé par Emmanuelle Béart et Béatrice Dalle, icônes des années 80, ayant débuté leurs carrières d’actrices quasiment en même temps, a sacrément de la gueule, du vécu et enflamme forcément notre imaginaire de spectateur. Dalle ne fait presque pas l’effort de composer, elle EST, nature comme tout, quant à Béart elle se donne corps et âme avec l’assurance tranquille de celle qui n’a plus rien à prouver. Enfin, le choix judicieux de deux révélations pour les incarner dans leur jeunesse est payant: la chanteuse Soko et Clara Ponsot justifient à elles seules le déplacement. Virginie Despentes doit par contre sérieusement s’améliorer avec sa caméra… ou s’en tenir à son stylo!
ANNEE DE PRODUCTION 2012.