Atlantic City, une station balnéaire de la Côte Est des Etats Unis. Lou, la soixantaine, est un minable truand à la retraite. Il se lie d’amitié avec Dave, un trafiquant de drogue, époux de Sally, sa voisine de palier qu’il convoite en secret. Sally, serveuse, ne rêve que de quitter ce trou pourri. Un jour, Dave est abattu par des gangsters et Lou récupère la cocaïne volée. Subjuguée, Sally finit par se donner à lui…
Après une période de création française courant sur vingt ans, avec des films aussi importants que Le Feu Follet ou Ascenceur pour l’échafaud, le réalisateur Louis Malle s’expatrie aux Etats Unis et y consacre la deuxième partie de son oeuvre cinématographique. Ainsi, juste après La Petite, il enchaine avec ce drame sentimental filmé dans cette station balnéaire en pleine destruction et en passe de devenir une ville de casinos et de miroirs aux apparences. L’endroit idéal pour planter le décor de son récit, faisant s’entrecroiser des personnages à la dérive, peu enclins à se croiser à priori: un truand vieillissant, une serveuse ambitionnant de partir en France, son mari infidèle et trafiquant de drogue sans envergure. Un trio de fantômes déchus, sans illusions, menant une existence des plus mornes. Malle imagine une romance presque improbable entre le vieux et la fille, lui donnant un caractère finalement attachant, et ne sombrant pas non plus dans un mélo dégoulinant! Il préfère l’aspect mélancolique et pare sa mise en scène élégiaque d’un réalisme soutenu par une photographie dans les tons mordorés.
Le couple Burt Lancaster/Susan Sarandon, atypique, est la surprise principale de ce métrage. Tous deux formidables et venant pourtant d’univers très différents, ils forment un binôme intéressant face à un Michel Piccoli, furieusement libidineux dans un petit rôle. Atlantic City dénote par sa peinture d’une Amérique que l’on ne voit jamais dans les productions hollywoodiennes, car trop éloignée de l’American Dream habituel. La culture et la sensibilité européenne de Louis Malle font toute la singularité de cet opus, certes pas l’un des meilleurs de sa filmographie, mais à réévaluer sans hésiter.
ANNEE DE PRODUCTION 1980
