Terrassé par le stress et une appendicite mal soignée, le célèbre acteur Rudolph Valentino meurt à l’âge de 31 ans, laissant dans le désespoir des milliers d’admiratrices, folles de son charisme. D’abord danseur gigolo, il avait atteint le sommet du box office au début de la décennie 20, alors que son principal rêve était de devenir simple propriétaire d’une orangeraie…
Pour raconter la vie, le succès fulgurant et la mort de Rudolph Valentino, premier latin lover de l’écran au temps du muet à Hollywood, le trublion du cinéma anglais Ken Russell, auteur des très singuliers Love et surtout Les Diables, accouche d’un film aussi excentrique que possible, tentant tout de même de respecter le récit linéaire de cette existence écourtée par un décès prématuré. Ainsi, il fait débuter sa narration par une séquence d’actualités pour mesurer la déflagration totale que furent les funérailles de cette star de cinéma, aux milliers d’admiratrices éplorées, dont la légende dit que certaines se sont même suicidées pour le rejoindre! Quelques unes des femmes l’ayant connu et aimé viennent lui rendre un dernier hommage et Valentino se construit ensuite en flash backs. Avec son habituel sens de la démesure et de l’outrance, Russell nourrit son biopic de plans saccadés et chorégraphiés, où la danse prend une place cruciale (Valentino se distingua d’abord dans cette discipline avant de devenir acteur), les couleurs criardes et flashys rendent compte de ces années folles un peu comme l’a fait l’an dernier Damien Chazelle avec son Babylon. Le cinéaste montre très bien l’ascension de la vedette, puis comment l’industrie de l’époque savait aussi brûler les idoles qu’elle avait porté au pinacle, à coups de rumeurs et de scandales (homosexualité et impuissance sont ici relatés évidemment). Le problème relativement gênant de la narration vient du fait qu’à force de vouloir proposer du « virevoltant » et de l’excès, Russell condamne sa biographie filmée à un exercice de style laissant peu de place à l’émotion.
Le choix du grand danseur de ballet russe Rudolf Noureev pour incarner le rôle titre est à la fois intelligent, puisque Russell l’utilise d’abord pour son physique extraordinaire (visage très séduisant, corps parfait qu’il met en valeur) mais également un peu « malheureux » car les aptitudes d’acteur de Noureev s’avèrent largement discutables, d’autant que le réalisateur ne semble pas avoir pris la peine de le diriger plus que ça. Il en résulte une performance moyenne et plus « instinctive’ que vraiment travaillée. A ses côtés, les actrices surjouent (volontairement peut être pour signifier le jeu outré du muet?), à l’instar de Leslie Caron, campant Nazimova, actrice lesbienne qui insista auprès des studios pour donner sa chance au tout jeune Valentino. Si le biopic de Ken Russell n’emporte pas tous les suffrages, il a clairement le mérite d’exister.
ANNEE DE PRODUCTION 1977.