LA GRAINE ET LE MULET

La soixantaine fatiguée, Slimane Beji est licencié du chantier naval de Sète sur lequel il travaille depuis des années. Père de famille divorcé, il traverse une période difficile de sa vie où tout contribue à lui faire ressentir un sentiment d’échec. Son rêve pour l’avenir: ouvrir un restaurant sur un vieux bateau qui lui appartient. Sa belle fille, Rym, se fait complice de son projet et l’aide par son audace…

Après La faute à Voltaire et l’Esquive qui ont cartonné et révélé un cinéaste vraiment à part, Abdellatif Kechiche, son nouveau long métrage assoit encore un peu plus sa notoriété et son style inimitable. La Graine et le Mulet respire la vitalité, l’énergie brute, le partage et met en scène des personnages plein d’humanité, tous réunis dans une famille recomposée, avec des enfants, une ex femme, une nouvelle compagne, et un projet de restaurant qui tient aux coeurs de tous. A la limite du documentaire, le film restitue la vie telle qu’elle est, de la manière la plus authentique qui soit. En étirant le temps (avec des scènes souvent longues et un peu répétitives), des plans séquences étudiés où le réalisateur met la parole au centre de tout, où le verbe compte plus que les apparences ou les attitudes, et où surtout la communication circule en une logorrhée inépuisable. La caméra capte des gros plans de visages, saisit les regards de chacun, met l’humain en première ligne, et leurs actions deviennent presque accessoires. Comme souvent dans sa filmographie, Kechiche accorde un temps précieux à filmer la nourriture (notamment avec une scène de repas familial anthologique ou la préparation du fameux « couscous » de la mer qui se fait attendre dans l’ultime partie). La chronique, enjouée et drôle, ne manque pas d’émotion et de gravité dans les rapports houleux entre une femme trompée et son mari infidèle, entre des enfants jaloux entre eux, etc…

La Graine et le Mulet puise ses références dans le cinéma italien néo réaliste de De Sica (Slimane fait penser au héros du Voleur de Bicyclette) ou à l’univers de Pagnol (la sympathie générale est communicative). Kechiche dirige ses comédiens avec une extrême rigueur, un soin presque maniaque pour tirer le meilleur d’eux, et notamment de Habib Boufarés, l’homme discret et pourtant courageux qui tient le rôle de Slimane. A ses côtés, les femmes occupent une place énorme, comme la jeune Sabrina Ouazani et la révélation fracassante de Hafsia Herzi dont c’est le tout premier film. La Mostra de Venise a décerné son prix du Jury et les Césars du meilleur réalisateur et meilleur film ont été obtenus par cette oeuvre chaleureuse et populaire dans le sens le plus noble du terme.

ANNEE DE PRODUCTION 2007.

REVIEW OVERVIEW

Réalisation
Scenario
Interprétation

CONCLUSION

Kechiche filme la vie et nous la restitue de manière émouvante et énergique. Un scénario simple et beau. Des acteurs inspirés et vrais, dont Hafsia Herzi, césar la révélation féminine. Une bouffée d'air frais.

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