Rentrant un soir d’un dîner, Heléne et Paul voient accourir vers leur voiture une jeune femme ensanglantée, Noémie, poursuivie par trois types qui la tabassent sous leurs yeux. Paul refuse d’intervenir et redémarre son véhicule, alors qu’Helene voulait porter secours à la malheureuse. Dés le lendemain, elle se rend à l’hôpital pour prendre des nouvelles de la jeune femme, plongée dans le coma…
Après ses fulgurants triomphes de Trois Hommes et un couffin et La Crise, la réalisatrice Coline Serreau avait connu un petit passage à vide et revient en force avec ce Chaos, d’excellente tenue. Son scénario intelligent conjugue en fait deux histoires distinctes: celle d’un couple en crise conjugale et celle d’une jeune prostituée harcelée par un réseau de proxénètes. Les deux récits se rejoignent bien sûr et accouchent du coup d’une comédie acerbe et d’un thriller « dramatique » . Coline Serreau traite à la fois de l’asservissement de la femme, de l’égoïsme de la société, et du lien qui va se nouer entre une bourgeoise fatiguée de son existence morne et une pute combative et décidée a reprendre le contrôle de sa vie. Le ton est volontairement appuyé pour désigner les comportements masculins déplorables et Serreau y ajoute un humour teinté d’ironie. En fait, son film semble être un cri de rage pour rendre justice au courage des femmes et au sort des jeunes maghrébines notamment, très mal considérées dans notre société machiste. Alors c’est vrai Chaos vire quelque peu à la satire sociale manichéenne, mais avec une telle énergie que la mise en scène nous embarque sans mal.
Le casting de choix contribue grandement à convaincre: à commencer par Catherine Frot, enjouée et drôle dans le rôle de cette bourgeoise au grand coeur, Vincent Lindon très crédible en mari nombriliste, Line Renaud en mamie attachante et subissant l’indifférence de son fils. Enfin, pour son premier grand rôle, Rachida Brakni (sociétaire de la Comédie Française) fait plus qu’impressionner. La seule vraie faiblesse réside sûrement dans le trop long monologue de Noémie racontant toute son histoire en voix off, cassant un peu l’équilibre de ce très bon cru dans la filmographie de Coline Serreau.
ANNEE DE PRODUCTION 2001