Camille a 16 ans lorsqu’elle rencontre Eric. Ils s’aiment passionnément et Camille donne naissance à sa fille. 25 ans plus tard, Eric quitte Camille pour une femme plus jeune. Le 31 Décembre, Camille se retrouve soudain « renvoyée » dans son passé. Elle a de nouveau 16 ans, retrouve ses parents (morts depuis des années), ses amies de lycée, son adolescence et… Eric bien sûr! Va t’elle fuir et tenter de changer leur vie à tous les deux? Va t’elle l’aimer à nouveau alors qu’elle connait la fin de leur histoire?
Actrice de grand talent, scénariste et aussi réalisatrice, Noémie Lvovsky conjugue ses trois dons pour mettre sur pied une comédie nostalgique et pétillante, interrogeant notre rapport au temps avec une énergie folle et des idées à la pelle. Ouvertement inspiré du film de Coppola, Peggy Sue s’est mariée, Camille redouble n’en est pourtant jamais la pâle copie ni même le vilain petit cousin lointain. Bien au contraire! Avec ce cinquième long métrage au compteur, Lvovsky nous offre un script inventif, tout le temps crédible (malgré l’énormité du pitch de base), plongeant délicieusement dans nos chères années 80, et touchant au coeur par une multitude de détails dans lesquels on peut tous s’identifier (le premier amour de jeunesse, les amies avec qui on partage l’insouciance, les musiques écoutées à cette époque, l’attachement aux parents, etc…). Sur des dialogues extrêmement travaillés et qui font mouche par leur intelligence, le film évite la lourdeur et l’humour pataud de certaines comédies pour se diriger vers un burlesque plus fin, une émotion délicate, et nous entraine dans cette aventure humaine sur un rythme soutenu. Très souvent joyeux et avec une aisance naturelle, le film parle évidemment constamment d’amour, celui que l’on éprouve fortement et croit on pour toujours jusqu’à celui que l’on ressent jusque dans ses tripes quand il est déçu ou trahi. Un peu dans la continuité de son très beau La Vie ne me fait pas peur, Noémie Lvovsky fonce tête baissée vers un romantisme hyper maitrisé, ne sombrant jamais dans la mièvrerie.
Tenant donc le rôle titre principal, elle s’est écrit une partition dans laquelle elle explore les émotions les plus diverses et son registre très large y fait merveille. Sans pour autant négliger ses partenaires à qui elle fait le beau cadeau de séquences merveilleuses: Samir Guesmi joue son amoureux absolu, Judith Chemla, India Hair et Julia Faure les bonnes copines à qui elle confie ses joies et ses peines, Denis Podalydés en prof troublé par cette élève fantasque, et quelques autres (Amalric, Vincent Lacoste, Jean Pierre Léaud). Le couple des parents, formé par Yolande Moreau et Michel Vuillermoz, étant sans doute les personnages les plus justement traités et interprétés avec tant de nuances. Camille Redouble fut injustement snobé aux Césars (malgré 13 nominations!): sa tendresse et son humanité redonnent en tout cas une furieuse envie d’avoir de nouveau 16 ans!
ANNEE DE PRODUCTION 2012.
