Caroline, dentiste à la retraite, mariée et mère de deux grandes filles qui l’ont déjà inscrite dans une association pour seniors appelée Les Beaux Jours. Julien, presque la quarantaine sans attache, ne cache pas son attirance pour Caroline qui finit par se laisser séduire et entame une liaison avec lui…
Réalisatrice de Rien à faire et de Love Etc…, Marion Vernoux se penche presque toujours sur les affaires de coeur et sur les rencontres improbables débouchant sur des histoires bouleversantes. Avec cet opus, elle signe une jolie romance entre une sexagénaire et un homme qui pourrait être son fils, en ayant l’élégance de ne pas verser dans le scabreux et surtout avec des touches de sensibilité tout à fait appréciables. Brisant le tabou de l’âge dans les relations physiques, Vernoux redéfinit le plaisir féminin et bouscule les conventions établies. Peu de gravité dans ce récit où les sentiments croisent le désir, plutôt même une certaine légèreté que la mise en scène, délicate, vient appuyer sans insister. Les Beaux Jours montre également qu’à tout âge de la vie, le trouble amoureux peut nous saisir et faire de nous d’éternels adolescents. Portrait de femme ancré dans la vie, bonne vivante (pas mal de séquences où le vin est bu avec gourmandise), le film se déroule en prime en bord de mer, où les paysages du Nord sont bien mis en valeur. Quelques moments de flottement peuvent à la rigueur être reprochés à la réalisatrice qui, une fois posé son postulat initial, tourne autour de ce couple atypique, en laissant planer la possibilité d’une « fin » annoncée. Le final, notamment, souffre peut être d’une impression de retour vers une vie rangée, après être sorti des clous.
Laurent Lafitte, beau et bon acteur (la Comédie Française a de la chance de l’avoir dans ses rangs!) joue l’amant frivole et sûr de son charme, Patrick Chesnais le mari cocu avec toujours cette retenue qui lui va si bien. Entre eux, l’héroïne est campée par Fanny Ardant, à la classe intacte et sur qui le temps ne semble avoir aucune prise: blonde platine pour l’occasion, elle respire la liberté, la sensualité et son timbre de voix familier résonne en nous. Sereine ou tourmentée par ce qui la submerge, elle traduit très précisément les chamboulements de son coeur. Vernoux donne aussi de sympathiques seconds rôles à Fanny Cottençon, Jean François Stévenin, Catherine Lachens. Un beau film émouvant qui fait du bien.
ANNEE DE PRODUCTION 2013.
