Dawn Wiener, 12 ans, rentre au collège et subit les moqueries permanentes d’une majorité des autres élèves. Elle n’a pas un physique évident, des lunettes, un appareil dentaire et un look assez catastrophique. Elle devient le bouc émissaire des garçons et des filles et comprend combien la puberté va être une période difficile…
Après un court métrage et un premier long passé sous les radars en Europe, le cinéaste indépendant Todd Solondz se fait enfin remarquer au festival de Sundance avec cette chronique acide sur l’adolescence. Avec un humour cruel et néanmoins percutant, il explore les joies de la puberté, les soucis relationnels et hélas le harcèlement subi par sa toute jeune héroïne. Solondz n’hésite pas à décrire la méchanceté des ados entre eux, le poids des mots et des insultes, le rejet général et même l attitude souvent déconcernée des parents. Bien sûr, le ton reste dans la comédie amère et si l’on rit souvent, on prend le personnage en pitié tellement elle essuie de railleries et de coups au moral. Bienvenue dans l’âge ingrat ne verse jamais dans les bons sentiments faciles trop souvent vus dans les teen movies américains et ne craint pas une peinture vraiment peu flatteuse de l’adolescence. Finalement Solondz fait un cinéma réaliste dans le sens où il colle avec sincérité à une certaine manière de vivre ces jeunes années encombrées de complexes et il a avoué avoir fait un récit autobiographique. Dawn c’est lui dans son côté godiche et timide.
Au centre du film, la toute jeune actrice Heather Matarazzo incarne très comme il faut ce personnage mal dans sa peau, subissant sa vie de pauvre banlieusarde à l’aube de ses premiers émois amoureux. Par la suite, Solondz tapera encore plus fort dans la veine cruelle avec des sujets limites comme la pédophilie qu il traite dans Happiness par exemple. Grâce à cet Âge Ingrat il a obtenu le Grand Prix a Sundance et une renommée mondiale. Plutôt très sympathique pour un cinéaste à la marge du système.
ANNEE DE PRODUCTION 1996.