LES FANTÔMES

Hamid est l’un des membres de la cellule Yapaza, une organisation secrète de citoyens syriens poursuivant des criminels de guerre à travers toute l’Europe. Sa quête le mène à Strasbourg sur la piste de son ancien bourreau, dont il n’a jamais pu voir le visage. Sur une intuition, il se met à suivre Sami Hanna, un jeune homme étudiant la chimie dans une université, jusqu’à l’obsession…

Après un court et deux moyens métrages, le réalisateur français Jonathan Millet saute enfin le pas vers le format long et signe ces Fantômes. De quels fantômes parle t’on dans cette intrigue à mi parcours du film d’espionnage et du drame psychologique? De ceux qui vous hantent parce qu’ils sont mort sans sépulture, sans deuil possible: tel est le cas du personnage central, Hamid, traumatisé par les tortures subies par le gouvernement de Bachar El Hassad et surtout encore dans la sidération de la mort de sa femme et de sa petite fille. Toute la quête qu’il mène au cours du film est en réalité la recherche d’une consolation, d’un apaisement intérieur impossible à trouver. L’intrigue tourne autour d’une chasse à l’homme discrète, une filature pour dénicher un ancien criminel de guerre (sur lequel pèse de lourds soupçons, sans qu’une certitude absolue ne nous soit donnée). La caméra traque les blessures morales du héros en même temps que lui poursuit l’homme qu’il juge responsable de son malheur. Millet adopte un rythme lancinant, n’apporte pas toutes les clefs sur un plateau d’argent et Les Fantômes accuse ça ou là quelques petites longueurs. Pourtant, elles semblent nécessaires pour comprendre la patience et l’abnégation qu’il faut pour parvenir à dénicher la vérité et alors laisser la justice sanctionner. En filigrane, le thème de la vengeance personnelle sous tend le récit grâce à une mise en scène privilégiant -à raison- la suggestion.

Fortement remarqué voici deux ans dans l’éprouvant Harka, l’acteur tunisien Adam Bessa traduit très bien la tension interne de son personnage, sa soif de justice et Millet le filme au plus près pour mieux nous laisser admirer ses regards lourds d’un passé atroce. Son partenaire, Tawfeek Barthom, vu dans La Conspiration du Caire, s’impose également en proposant un jeu troublant et ambigu. Jonathan Millet devient ainsi un réalisateur pertinent à suivre, au vu de ce premier long métrage très prometteur autant sur le fond que sur la forme.

ANNEE DE PRODUCTION 2024.

REVIEW OVERVIEW

Réalisation
Scenario
Interprétation

CONCLUSION

Un récit d'espionnage plus complexe qu'il en a l'air et qui traite surtout d'un drame profond vécu par un homme détruit. Tout premier long métrage de Jonathan Millet, à suivre. Adam Bessa occupe l'écran avec une grande présence.

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