Los Angeles, 1928. Christine Collins, élève seule son fils Walter, 9 ans à peine. Un soir en rentrant à la maison, le garçon n’est plus là. Après cinq mois de recherches, la police lui ramène un petit garçon… mais ce n’est pas son fils. Sans relâche, elle tente de faire éclater la vérité, clamant qu’il y a erreur sur la personne. Mais les institutions en place s’obstinent à lui donner tort et veulent la faire passer pour folle. Un révérend se rallie à sa cause…
L’Echange est le type de scénario tellement à priori « invraisemblable » qu’il ne peut être tiré que de la vie même! Et c’est exactement le cas: cette histoire incroyable survenue aux Etats Unis à la fin des années 20 sert de trame principale au vétéran Clint Eastwood, qui s’est documenté de manière très détaillée pour raconter le parcours de Christine Collins, cette mère hors du commun. Luttant pour retrouver son jeune fils disparu avec l’aide des autorités, voila qu’on lui retrouve un enfant qui n’est pas le sien et que personne ne veut la croire quand elle hurle à la méprise la plus totale! A cette époque troublée de la prohibition dans cette petite ville américaine, la police a tous les droits et surtout ne veut que personne ne remette en cause son fonctionnement et ne soulève ses erreurs de jugement. La corruption des politiques en place n’arrange rien. A partir de ce pitch prenant, Eastwood tisse un mélo pur jus, dans la grande tradition hollywoodienne, avec reconstitution d’époque hyper réaliste, et surtout une mise en scène d’un classicisme absolu (ce qui pourrait être un reproche) et qui en fait sert tout à fait le propos. La cruauté de ce récit, où un enfant est arraché à sa mère, se focalise sur l’enquête à proprement parler, sans négliger le sublime portrait de femme combative, donnant au film sa dimension tragique.
L’Echange se veut également un réquisitoire contre l’injustice et le cri de révolte contre les assassins d’enfants. Pour soutenir la barre émotionnelle chargée durant les 2H15, Eastwood a confié le rôle de cette maman Courage à une actrice encore peu habituée à explorer pareil registre: Angeline Jolie. Après sa révélation dans le film d’action Lara Croft, elle n’était pas la plus attendue dans cette prestation, qu’elle remplit avec un talent indéniable. Très émouvante, c’est elle qui porte haut le calvaire inimaginable de cette femme exceptionnelle. A ses côtés, John Malkovich (pourtant excellent) parait presque en retrait. Le miracle est tout de même que le réalisateur de Gran Torino fait de certaines séquences « pièges » à tirer des larmes faciles des sommets de retenue. Certainement tient on là son dernier grand film. Limpide et crépusculaire.
ANNEE DE PRODUCTION 2008.