A l’initiative de Sepideh, trois couples d’amis viennent passer le week end au bord de la mer, pour fuir l’agitation de Téhéran. Elle a invité Elly, l’institutrice de sa jeune fille, à se joindre à eux dans le but de lui faire connaitre Ashmad, en rupture sentimentale. Or, lors d’une balade à la plage, l’un des enfants, Arash, manque de se noyer, alors qu’Elly était censée le surveiller. La jeune femme est d’ailleurs introuvable suite à cet incident. S’est elle noyée en voulant sauver l’enfant? S’est elle enfuie sans prévenir personne? Chacun se questionne et commence à avoir de sérieux doutes…
Le cinéaste iranien Ashgar Farhadi a dépassé les frontières de son pays avec ce premier long métrage à s’exporter chez nous et a révélé son talent brut. A mi parcours entre le drame psychologique et le thriller tendu, A propos d’Elly démarre sous les auspices d’une comédie entre amis, avec la perspective d’un week end radieux et plein d’amusement. En fait, le film prend à rebrousse poil puisqu’il fait disparaitre la jeune femme du titre (Elly) dont on sait finalement peu de choses au bout d’un tiers de la projection. A la manière de la disparition inexpliquée d’Ana dans L‘Avventura de Antonioni, ici aussi cet événement tragique commence à mettre à jour les comportements des uns et des autres, les fêlures de couples se faisant plus apparentes, Farahdi profite de ce « prétexte » scénaristique pour dresser un état des lieux de la société iranienne. Décrivant la place des femmes comme bien définie par rapport à celle des hommes, assez machos et dominateurs, le film devient un instantané intéressant des rapports entre les sexes, des principes qui écrasent encore la liberté d’agir ou de penser de cette communauté. Caméra à l’épaule, la réalisation semble s’agiter en tous sens, comme à la recherche d’une vérité indicible. La seconde partie, grouillant d’échanges entre les différents protagonistes, devient beaucoup plus bavarde et perd de son habileté.
De très bons comédiens assurent par leur jeu précis et choral, dont la jolie Golshifteh Farahani qui pour ne rien gâcher est une excellente actrice, ainsi que Payman Maadi, notamment vu dans La Loi de Téhéran. Comme dans les oeuvres futures de Farahdi, la question cruciale que se pose les personnages reste toujours la même: à qui la faute? Si nous avions agi autrement, les choses auraient elles pu être évitées? La résolution assez « décevante » place sûrement cet Elly en dessous des réussites majeures que sont Une Séparation et Le Client, sortis les années suivantes et qui ont définitivement assis la réputation de ce réalisateur iranien, désormais incontournable.
ANNEE DE PRODUCTION 2009.