Né du viol d’une servante sourde muette par un mendiant qu’une incarcération prolongée a transformé en bête sauvage, Léon réfrène de plus en plus difficilement l’instinct sanguinaire qui le ronge. Une bête sommeillant en lui se réveille les soirs de pleine lune, il devient une sorte d’homme loup féroce…
Le studio britannique de la Hammer s’est spécialisé depuis le milieu des années 50 dans le domaine du fantastique et trouve leur inspiration dans la relecture de grands classiques du genre (pour la majorité américains), de Dracula à Frankenstein ou encore La Momie. Cette Nuit du Loup garou est leur seule incursion sur le thème de la lycanthropie et Terence Fisher, en charge de la réalisation, choisit un axe inattendu: celui de raconter la génèse du monstre. Ainsi, dans une première partie constituant quasiment un film à part entière, le récit nous explique comment le personnage masculin victime de la malédiction a été « contaminé » dans son enfance par ce poison insidieux, lui donnant le pouvoir de s’attaquer physiquement aux autres, la nuit venue. Ce long prologue de près de 45 minutes, assez laborieux, pose les bases certes mais aurait gagné à être resséré. La suite du script propose un schéma d’épouvante plus classique, avec des crimes atroces, une métamorphose de l’homme en animal, et des effets sanguinolents attendus. L’aspect gothique apporte beaucoup à l’esthétique générale, les couleurs assez belles rajeunissent un thème déjà traité à Hollywood dans les années 40. De même, le maquillage de la créature, inspiré de celui de La Belle et la Bête de Cocteau, rend l’ensemble très poétique. Fisher met son savoir faire dans l’élaboration de ce « produit » Bis aux connotations clairement mélancoliques, comme si traiter du loup garou revenait à faire un bond dans le passé.
Dans la peau de cet homme loup, souffrant de son mal et n’arrivant pas à se débarrasser de ses instincts meurtriers, Oliver Reed expose son physique massif, convenant idéalement au rôle par une animalité presque innée. Il éclipse d’ailleurs le reste d’une distribution plutôt anodine, dont Clifford Evans et Anthony Dawson. Vingt ans avant la superbe renaissance des loups garous grâce à John Landis et son Loup Garou de Londres, cet opus de Fisher conserve une étrange beauté formelle qui décevra peut être les amateurs de frissons pour satisfaire davantage les cinéphiles épris de style.
ANNEE DE PRODUCTION 1961.