Dans une institution spécialisée qui accueille des enfants autistes et trisomiques, une professeur de musique tout juste engagée entre en désaccord avec les méthodes du directeur psychanalyste. Elle s’attache « un peu trop » à Reuben, un enfant rebelle à toute vie de groupe…
Remarqué par le producteur et réalisateur Stanley Kramer après son coup d’essai Shadows, le cinéaste indépendant John Cassavetes se voit offrir un « film de commande » dont le sujet délicat est l’éducation des enfants handicapés mentaux dans les institutions spécialisées. L’intrigue tourne essentiellement autour d’un seul gamin, que ses parents désemparés ont placé en institut et qui ne s’intègre pas aux autres enfants. Le récit montre l’opposition de deux méthodes afin d’accompagner le handicap: une manière autoritaire et directive et une autre plus empathique, chacune avec ses échecs et ses limites. Le propos est émouvant en soi et Cassavetes s’efforce de ne pas « charger la mule » niveau pathos en proposant des séquences sensibles, même si par moments il cède aussi à un sentimentalisme « hollywoodien » qui, d’ailleurs, n’est clairement pas sa marque de fabrique habituelle. D’où cette sensation d’une oeuvre sincère et bancale à la fois. Kramer et Cassavetes se sont déchirés sur la conception même du script et le producteur l’emporte dans le montage final qu’il n’a pas laissé libre à l’auteur du futur Opening Night. Sa caméra use déjà de nombreux gros plans de visages comme pour déceler la vérité de chacun (là reconnait on bien le style Cassavetes) et le fait que les enfants soient de « vrais » déficients ajoute une part documentaire non négligeable. Un Enfant attend décrit également le conflit intérieur des parents tiraillés entre l’amour profond qu’ils éprouvent et leur impuissance face à la maladie.
Un très beau casting appuie l’ensemble: Burt Lancaster inflexible dans son rôle de psy ne cédant jamais trouve une jolie partition à défendre, Judy Garland émeut franchement dans l’ultime rôle de sa courte vie avec son interprétation à fleur de peau et si éloignée de ses compositions de comédie musicale. Enfin, on retrouve Gena Rowlands campant la mère du jeune enfant handicapé et en quelques séquences seulement, elle démontre un jeu d’une grande palette dramatique. Méprisée et mal considérée à sa sortie, reniée par Cassavetes lui même, cette oeuvre fragile se doit d’être réévaluée à sa juste valeur.
ANNEE DE PRODUCTION 1963.