Jack, 5 ans, vit seul avec sa mère, Mia. Ils sont retenus prisonniers dans une cabane capitonnée depuis plusieurs années par un ravisseur qui vient quotidiennement violer Mia. Le petit garçon n’a jamais vu le monde extérieur. Mia entreprend un plan de fuite pour échapper à son bourreau et éviter à son fils de subir les violences physiques de ce dernier…
Réalisateur irlandais, Lenny Abrahamson, n’avait jusqu’à Room pas vraiment eu les honneurs ni de la critique ni du public. En traitant d’un sujet plus que difficile inspiré de plusieurs fait divers de séquestration, il met en scène ce terrible drame d’une mère et de son enfant retenus captifs dans une chambre close et sans aucun contact avec quiconque, si ce n’est leur ravisseur. Né du viol de sa mère, le petit garçon de l’histoire, Jack, n’a de représentation du monde du « dehors » que par le biais de la télévision et du simple velux présent dans la pièce fermée. Le réalisateur réussit un film âpre sur la captivité qui ne tombe pourtant jamais dans le sordide ou le glauque, car la plupart des séquences se concentrent sur le lien très fort entre cette maman et son fils, vivant exclusivement l’un pour l’autre. Room trouve la lumière au bout d’une heure de projection, lorsque le récit traite ensuite de la libération, puis de la résilience. Abrahamson décrit avec subtilité combien l’enfer de la séquestration perdure bien au delà du cloisonnement, que l’esprit reste irrémédiablement traumatisé par ce long épisode et retrouver une vie normale ne coule pas de source. Les ravages d’une telle expérience se font sentir dans les plus infimes détails du quotidien et Room les pointe du doigt sans forcer le trait. Davantage qu’un thriller, il s’agit plutôt d’un drame maternel fort, émouvant aussi. Un défaut un peu gênant vient quelque peu assombrir la bonne tenue du scénario: une tendance à vouloir inclure du lyrisme (et pas des plus fins) dans la seconde partie (inférieure au reste), où l’enfant pose son regard sur les arbres, le ciel, la campagne, la ville.
Room, c’est aussi la composition remarquable d’une actrice en état de grâce: Brie Larson, campant cette mère exclusive, se débattant avec le poids de son traumatisme, tout en voulant éduquer son fils coûte que coûte. Elle a reçu un Golden Globe et un Oscar de la meilleure actrice pour ce rôle douloureux, qui se justifient tout à fait. Le petit Jack est joué par Jacob Tremblay, un comédien canadien, très juste, que l’on reverra ensuite dans Wonder aux côtés de Julia Roberts. Lenny Abrahamson n’a pas vraiment confirmé son talent depuis, on attend de lui un film aussi intéressant.
ANNEE DE PRODUCTION 2016.