Mia Baran et Nicole Horner sont respectivement la femme et la maitresse du directeur de l’école, dans laquelle elles enseignent en Pennsylvanie. Guy, le directeur, est un être tyrannique et méprisant qu’elles ont décidé de supprimer. Elles organisent alors leur coup pour se débarrasser de lui…
Qu’est ce qui a bien pu passer par la tête du réalisateur américain Jéremiah Chechik, auteur d’un petit film assez sympa Benny and Joon, pour avoir l’idée saugrenue de se lancer dans un remake du plus célèbre chef d’oeuvre d’Henri Georges Clouzot, Les Diaboliques? Sûrement se coltiner un défi quasi impossible sur le dos ou relever un pari idiot du studio Morgan Creek! Toujours est il que son piteux thriller au féminin ne se soucie que d’une chose: recycler les meilleures idées de l’original et garder les éléments les plus frappants (la baignoire, la piscine, la malle en osier, etc…) non pas pour les remettre au goût du jour, mais pour les vider de leur substance et les rendre ternes, voire justement dépassés. Clouzot avait le génie de la mise en scène, Chechik n’est qu’un piètre copieur aux intentions douteuses et maniant sa caméra de la manière la plus amorphe qui soit. Cette histoire d’un trio infernal (la femme, la maitresse, le mari) nécessitait de la psychologie et du suspense: ici, tout fonctionne de travers (un scénario et des dialogues approximatifs, des situations grotesques, une platitude dans les enjeux). Diabolique comporte certes une approche que Clouzot n’avait pas exploré (époque des années 50 oblige): la relation clairement homosexuelle entre les deux femmes comme pour défier la masculinité toxique du sale bonhomme entre elles. Le problème, c’est que Chechik ne traite que brièvement la question, par paresse ou manque de talent tout simplement.
Le film a été vendu sur la réunion de deux immenses stars en tête d’affiche, annonçant un duel explosif au sommet. Tout droit sortie de son carton plein dans Casino, Sharon Stone tient le rôle échu à l’origine par Simone Signoret, multipliant les changements de tenue sexy mais grimaçant plus qu’elle ne joue, peinant à apporter un semblant de duplicité à son personnage. Sa partenaire, notre Isabelle Adjani nationale, écope du rôle de l’épouse maltraitée et catho convaincue et se croyant encore dans un autre remake (celui de Nosferatu), elle ne cesse de faire ses yeux exorbités toutes les cinq minutes, semblant se foutre totalement de son jeu que l’on avait rarement vu aussi faible. Association ratée donc qui aboutit à un pétard mouillé. Et ce n’est pas le final proprement ridicule qui rattrape quoique ce soit! Non, décidément, refaire un film parfait, revient à pisser dans un violon!
ANNEE DE PRODUCTION 1996.