Après une expérience sexuelle apparemment anodine, Jay se retrouve confrontée à d’étranges visions et l’inextricable impression que quelqu’un ou quelque chose la suit en permanence. Face à cette malédiction, Jay et ses amis doivent trouver une échappatoire aux horreurs qui ne semblent jamais loin derrière eux…
Le réalisateur américain indépendant Robert David Mitchell, auteur d’un premier long curieux et remarqué The Myth of the American Sleeplover, réinvente totalement les codes du cinéma d’horreur avec ce It Follows, déroutant et maitrisé de bout en bout. D’abord par son pitch original (une entité invisible menaçante poursuit et tue des jeunes adultes ayant cédé à leurs désirs et pratiqué un acte sexuel), ensuite par son esthétique hyper travaillée (ambiances sonores, plans réfléchis, impression d’assister à un cauchemar éveillé et vaporeux), enfin par une mise en scène classieuse qui n’a qu’un objectif: faire peur! Et qui y parvient largement, par des moyens beaucoup plus efficaces que dans les productions pour ados de type « maisons hantées », « possessions » ou « slashers »: ici, rien de spectaculaire, tout se jouant à la suggestion, à l’angoisse diffuse, au danger invisible et pourtant emplissant tout l’espace. It Follows s’interdit toute surenchère imbécile d’effets de type « jump scares » et en refusant l’esbrouffe, atteint sa cible: par la magie du hors champ, du silence, d’une épouvante que l’on imagine plus qu’on ne la voit, le film fout une trouille de dingue, tout en laissant poindre une petite morale sur la sexualité parfois anticipée des jeunes. Mais un mystère constant englobe la quasi totalité des séquences et justement, cet étrangeté fait toute la richesse du métrage, le rendant insaisissable et à la teneur inédite dans le genre horrifique.
Au casting, des noms assez peu connus et même débutants pour la plupart, tels Malika Monroe et Jake Weary, leurs visages étant d’autant plus crédibles et marquants parce que l’on ne les identifie à aucun rôle majeur et leur fraicheur ajoute un supplément de réalisme à cette histoire cauchemardesque. La filiation avec le cinéaste français Jacques Tourneur, qui adorait suggérer pour terrifier, s’avère encore plus évidente au vu de la séquence finale, se déroulant dans une piscine où l’héroïne se trouve confrontée au « démon » cherchant à lui nuire, comme c’est le cas dans le mythique La Féline. Sauf qu’ici, rien n’est tangible, la mort rôde sous des apparences sans cesse renouvelées, comme si le répit était proprement impossible. Gros coup de coeur pour cette oeuvre, Grand Prix au festival de Gerardmer, se plaçant d’emblée dans les classiques instantanés du cinéma d’horreur.
ANNEE DE PRODUCTION 2014.