En 1919, à Marseille, George Serret, avocat conseil, et sa compagne Philomène, ainsi que la soeur de cette dernière, Catherine, pratiquent des escroqueries sur l’assurance vie. Très vite, ils passent à la vitesse supérieure et n’hésitent pas à tuer pour arriver à leurs fins…
Inspiré d’une sordide affaire criminelle des années 20, l’Affaire Serret, Le Trio Infernal marque les débuts de réalisateur de Francis Girod, ancien assistant de Mocky. Jouant la carte de la provocation et de l’outrance, il conte en détails scabreux les méfaits d’un avocat marseillais dans le domaine de l’escroquerie et du crime organisés. Sur une mise en scène très « qualité française », soucieuse de rendre la reconstitution des années rétro la plus fidèle possible, aidé en prime d’un scénario à l’humour noir décapant, Le Trio Infernal affiche un propos d’un cynisme incroyable: on y tue de manière décomplexée, presque joyeuse, iconoclaste, entre deux séances de sexe (lesbianisme, triolisme) à une époque où il ne faisait pas bon rigoler avec la morale. Le comble du mauvais goût est atteint lors des séquences de dissolution des corps des victimes dans des baignoires remplies d’acide sulfurique, sur une musique presque « guillerette » d’Ennio Morricone. Girod choisit en effet de montrer l’horreur sous un jour « comique », sans doute pour en réduire l’atrocité. La critique sociale contre l’ordre bourgeois, les bonnes manières de notables pourris jusqu’à la moëlle apparait bien sûr clairement dans l’intrigue, même si le macabre l’emporte largement sur le reste. Le dernier tiers, plus faible et un peu répétitif, montre d’ailleurs les limites de Girod dans sa démonstration et son penchant pour une certaine complaisance.
Dans des rôles sombres et même carrément monstrueux, Michel Piccoli et Romy Schneider, complices et partenaires chez Sautet dans Les Choses de la Vie et Max et les Ferrailleurs, dévoilent ici une facette inconnue de leur registre, ce qui prouve à la fois leur grandeur et leur jubilation à jouer des personnages ignobles et indéfendables. Dans la catégorie des « comédies noires » et malgré une qualité inégale, ce tout premier long métrage ne manque pas d’audace et son immoralité explique en partie le rejet du public, sans doute peu préparé à recevoir une telle dose de « méchanceté ». Pour ceux qui raffolent en revanche des faits divers malsains à souhait, voici une oeuvre toute indiquée! Très acide (c’est bien le cas de le dire!).
ANNEE DE PRODUCTION 1974.