Après avoir purgé une peine de dix ans de prison, Gino tente de reprendre une vie normale. Avec l’appui de son éducateur Germain, homme aguerri arrivé presque à la retraite, il trouve un travail et se range dans une existence honnête. Mais l’inspecteur de police Goitreau qui avait participé à son arrestation reste convaincu que Gino prépare un mauvais coup et ne croit pas du tout à cette réinsertion. Il commence à le harceler et s’acharne sur lui…
Ex taulard devenu cinéaste après de longues années d’incarcération, José Giovanni semblait être l’homme tout indiqué pour mettre sur pied ce drame policier. Connaissant fort bien ses sujets (la détention , les conditions carcérales, la condamnation), il livre un vibrant plaidoyer contre la peine de mort, pointant du doigt les insuffisances ou les erreurs de la justice, quelques années seulement avant son abolition en France. Cette « machine qui tue » comme la nomme l’ultime réplique pèse lourdement sur le scénario, par sa présence menaçante, la terreur qu’elle inspire. Deux Hommes dans la ville bénéficie d’un traitement tourné vers l’humain et le drame intime, laissant volontairement de côté l’aspect policier pour lequel Giovanni eu presque toujours recours dans son oeuvre. Centré sur le personnage de Gino, bien décidé à se « ranger des voitures », le film est construit avec l’utilisation de la voix off de Germain, l’autre protagoniste, nous racontant le déroulement et l’inéluctable rouleau compresseur du hasard, jouant là un rôle crucial. Si la mise en scène de l’auteur du Gitan accuse certaines lourdeurs et souffre sûrement d’être trop démonstrative, on ne peut en tout cas lui enlever sa sincérité.
Giovanni orchestre le dernier face à face de deux géants de l’écran: Jean Gabin et celui qu’il appelait le « môme » Alain Delon. Gabin, droit dans ses bottes, à la silhouette un peu fatiguée mais tenace dans ses convictions en impose face à Delon (également producteur du projet), jouant son rôle avec une grande conviction, entre violence et résignation. Cette troisième collaboration entre eux, après Mélodie en Sous Sol et Le Clan des Siciliens, demeure probablement la meilleure. Pour l’intensité des regards qu’ils échangent notamment dans une séquence finale terrible et bouleversante qu’il est impossible d’oublier.
ANNEE DE PRODUCTION 1973.