Depuis des mois, Paris est la cible d’un gang de braqueurs ultra violents qui opère en toute impunité. Le directeur de la police judiciaire, Mancini, met sur le coup les deux lieutenants les plus influents de sa brigade: Léo Wrinks et Denis Klein. Celui qui fera tomber le gang prendra la place de grand « chef » du 36 Quai des Orfèvres. La lutte est ouverte entre ces deux flics que tout oppose…
A la tête et aux commandes, Olivier Marchal, lui même ancien policier de la BRI devenu cinéaste et remarqué avec son précédent opus Gangsters. Avec 36 Quai des Orfèvres, il passe à la vitesse supérieure et relate deux grosses affaires ayant secoué la brigade parisienne, en filmant « en gros » ce qu’il a vécu au plus près. Cet univers sombre et impitoyable de truands, d’indicateurs, de flics aussi bien intègres que pourris se voit ainsi minutieusement scruté dans un scénario béton, ne laissant rien au hasard et délivrant une action constante. Du polar coup de poing comme on en avait plus vu en France depuis des lustres. Avec un réalisme choc, n’empêchant pas bien sûr une dramatisation volontaire de certains événements, Marchal nous décrit les filatures, les arrestations musclées, les expéditions punitives et surtout le duel de deux policiers autrefois amis désormais en rivalité. Le film n’est pas exempt de quelques défauts tels qu’une tendance à user d’une musique bien trop soutenue ou d’avoir recours à des ralentis abusifs, toutefois la réalisation globale marque sans cesse des points en privilégiant l’axe de l’authenticité. 36 Quai des Orfèvres montre la violence frontale du métier de flic, son quotidien sans arrêt en sursis, et fait peser une atmosphère crépusculaire, pour ne pas dire désespérée. Pour accentuer ce parti pris, Marchal assombrit délibérément ses images, disséminant le poison de la noirceur jusqu’à son terme.
La guerre des polices prend une tournure encore plus captivante grâce à deux acteurs poids lourds, déjà autrefois partenaires sur Jean de Florette et Le Placard. Le duel Daniel Auteuil/Gerard Depardieu tient toutes ses promesses, dirigé au cordeau, entouré qui plus est de robustes partenaires « secondaires » (André Dussollier, Roschy Zem, Valéria Golino, Daniel Duval, Francis Renaud, etc…). Construit autour de thèmes universels comme l’amitié, la trahison et la vengeance, 36 Quai des Orfèvres ne dévie pas de sa trajectoire initiale: divertir et revenir aux fondamentaux du grand film policier « à la française ». Marchal dépoussière en tout cas le genre et le pare d’une tension supplémentaire, doublé d’un certain nihilisme.
ANNEE DE PRODUCTION 2004.