Stephen Byrne, écrivain raté habitant dans une maison bordant un fleuve, tente d’abuser de sa nouvelle bonne. Elle lui résiste et pour l’empêcher qu’elle ne crie, il l’étrangle. Il est surpris par son frère John, lui conseillant de tout révéler à la police. Stephen refuse et arrive à convaincre John de l’aider à se débarrasser du cadavre. Ils jettent le corps, enveloppé dans un sac, dans les eaux sinueuses de la rivière…
Très peu connu en France (et pour cause il ne bénéficia pas de sortie ciné officielle), House By the River se situe dans l’oeuvre de Fritz Lang entre le drame psychologique Le secret derrière la porte et son western L’ange des Maudits avec Marlène Dietrich. Ce film noir s’apparentant à une sorte de cauchemar éveillé, fait le portrait d’un homme en proie à ses pulsions sexuelles (et finalement meurtrières) et prêt à tout pour ne pas assumer la portée de ses actes. Lang y reprend peu ou prou ses thèmes de prédilection tels que la culpabilité, le désir, la frustration qu’il avait déjà largement évoqué dans La Rue Rouge ou La Femme au portrait avec cette fois, un scénario sans doute plus faible, en tout cas moins complexe. Après un début parfaitement maitrisé où la mise en scène met en valeur une atmosphère inquiétante annonçant le crime à venir, House By the River se perd quelque peu dans des séquences bavardes et laborieuses entre les protagonistes, tandis que l’enquête policière pour résoudre la disparition de la servante avance. Ce que Lang parvient le mieux à restituer, c’est la hantise habitant le héros assassin, comme attiré par les remous de la rivière dans laquelle il a caché sa « faute » irréparable. Le réalisateur de M Le Maudit restait marqué par l’accusation selon laquelle il aurait tué lui même son épouse dans les années 20 et s’en ressert là de façon indirecte.
Le manque de considération de cette oeuvre vient probablement aussi de son casting: Lang n’y dirige aucune star ou vedette confirmée, préférant confier le rôle principal à un acteur britannique peu connu, Louis Hayward. Il démontre un certain talent pour la dissimulation, l’ambiguité, même si le charisme lui fait défaut. Loin de ses grandes réussites, House by the River n’en demeure pas moins un policier de facture correcte, avec son noir et blanc admirable (belle photographie signée Edward Cronjager) et son suspense digne d’un Hitchcock.
ANNEE DE PRODUCTION 1949.