Après la mort de sa mère adoptive, Hortense, jeune femme noire vivant à Londres, se met à la recherche de sa mère biologique. Elle apprend qu’il s’agit d’une certaine Cynthia Rose, mère d’une autre fille, Roxanne, et vivant dans un quartier assez pauvre. Elle décide de faire le premier pas et les deux femmes finissent par se rencontrer…
Le cinéaste anglais Mike Leigh n’a pas son pareil pour créer une osmose parfaite entre les rires et les larmes et Secrets et Mensonges en est sûrement l’exemple le plus représentatif et du même coup, son film le plus accessible et aimé du public. Ce scénario ingénieux contant les retrouvailles d’une jeune fille noire avec sa mère biologique blanche oscille entre fable moderne et étude sociale pertinente, puisque c’est la rencontre de deux mondes qui ne se connaissent pas, l’un bourgeois, l’autre ouvrier, et qui pourtant ont un fil commun très fort. L’arrivée d’Hortense dans sa « nouvelle famille » va mettre à jour des mensonges, des non dits enfouis, et elle va être le catalyseur de révélations étonnantes au cours d’un repas d’anniversaire, où les masques tombent. Leigh bouleverse avec sa mise en scène fluide, concentrée sur ses personnages et leur psychologie parfois complexe, passe d’un dialogue léger à des répliques d’une profondeur inattendue: c’est le miracle de son cinéma, toujours tourné vers l’humain d’abord. Jamais l’on ne subit de longueurs, de défaut de rythme, de lourdeurs dans les effets, chaque chose arrive avec subtilité et discrétion, charriant une émotion implacable. Ce portrait chaleureux fait bien souvent monter les larmes et réjouit par son observation quasi entomologiste.
Comme presque toujours dans les productions britanniques, les acteurs sont absolument prodigieux de vérité et d’incarnation. Avec un sens pointu des nuances, le toujours parfait Timothy Spall, comédien fétiche de Leigh, campe ici un photographe à l’allure d’ours au grand coeur cachant avec sa femme un secret que l’on ne découvrira qu’à la fin. Brenda Blethyn écope du rôle principal, entre mal de vivre et embarras face à sa situation de mère biologique qu’elle ne pensait pas assumer: elle a obtenu le Prix d’Interprétation à Cannes. Les autres (Marianne Jean Baptiste, Phyllis Logan, Claire Rushbrook, etc…) contribuent pleinement aux émotions distribuées par ce drame intelligent et d’une grande humanité. Avec la tranche de vie de ces gens modestes, Mike Leigh a décroché le précieux sésame: une Palme d’Or amplement méritée.
ANNEE DE PRODUCTION 1996