Peppa, actrice de doublage à la télévision, a été abandonnée par son amant, Ivan, qu’elle aimait follement. Elle cherche par tous les moyens à rentrer en contact avec lui. D’autres femmes gravitent autour d’elle et se retrouvent bientôt toutes réunies dans l’appartement de Peppa: Marisa, Lucia, Candela, etc…
Avec la Movida, un vent nouveau souffla sur l’Espagne et sur son cinéma, quand dans les années 80 un certain Pedro Almodovar entra dans la danse et commença sa carrière. Ses premiers opus comme Dans les ténèbres ou Qu’est ce que j’ai fait pour mériter ça? étonnèrent par leur singularité et leur humour dévastateur. Avec Femmes au bord de la crise de nerfs, le réalisateur s’établit définitivement en adaptant (très librement) la pièce de Cocteau La Voix Humaine. Au départ plutôt tragique, Almodovar préfère en faire une comédie dramatique folklorique avec des personnages excentriques, des situations loufoques, sans omettre de garder des thèmes « graves » comme l’abandon, la rupture amoureuse ou la solitude féminine. En exagérant les sentiments et plaçant l’humour en priorité, Almodovar trousse un long métrage original, déroutant, et porté par des héroïnes hautes en couleur. La femme comme sujet principal de l’oeuvre du réalisateur: ici, elles sont amoureuses, suicidaires, vierges rêvant de sexe, épouses trompées et vengeresses. Et leur rencontre dans le décor unique d’un appartement où le lit crame et où le gaspacho est drogué aux somnifères va occasionner des rires et une série de « rebondissements » curieusement imbriqués, mettant même en scène des terroristes chiites!
En vedette principale, on retrouve Carmen Maura, alors actrice muse d’Almodovar, campant une comédienne de doublage larguée par son homme et ne se comportant plus tout à fait comme il faudrait. A ses côtés, Rossy de Palma joue déjà avec son physique atypique la petite amie d’un Antonio Banderas, à ses débuts, affublé d’une paire de lunettes et d’une coupe de cheveux peu sexy. La fraicheur de la réalisation, associé à un scénario surprenant, ont certainement contribué à faire de ces Femmes le premier gros succès international du futur auteur de Tout sur ma mère. Ce n’est pourtant pas son film le plus percutant ni le plus abouti, son style s’y révèle encore assez « sagement », mais sa façon inhabituelle de traiter de la condition féminine a fait la différence. Car au fond, en refusant de céder à son chagrin, Peppa devient une battante indépendante, prête à être mère célibataire s’il le faut: une preuve que les hommes ne sont pas indispensables au « sexe faible ».
ANNEE DE PRODUCTION 1988.