Alors que la campagne électorale bat son plein, un directeur de journal, Walt, s’apprête à publier de troublantes révélations sur l’un des candidats. Ces informations lui proviennent d’un jeune boxeur, Sanson, qui compte monnayer ses secrets pour s’enfuir avec sa petite amie Laure. Mais des hommes de main le poursuivent et il est tué par un homme qui « lui ressemble »…
Troisième long métrage d’André Téchiné, Barocco est certainement un de ses opus les plus déroutants. Prenant pour prétexte une intrigue politico policière, il établit un scénario assez obscur, plaçant son décor dans une Amsterdam onirique et étrange, une ville portuaire d’où chacun peut s’évader. Il fait régner une atmosphère vaporeuse, entre rêve et réalité, donne à la victime (le boxeur tué) des traits identiques à celui de son assassin, nous perd dans un dédale de séquences insaisissables. Téchiné semble plus soucieux de faire un « exercice de style » et dans ce sens, ses images troublantes, l’expressionnisme de l’ensemble, les couleurs utilisées s’impriment dans notre rétine, assez fascinantes alors même que la narration laisse quelque peu perplexe. Comme chez Brecht (auquel on pense d’ailleurs), Barocco impose une théâtralisation du décor, une distanciation du jeu des interprètes, soutenues par la photographie irréelle du chef opérateur Bruno Nuytten. D’une noirceur un peu morbide, le film accuse quelques longueurs, surtout dans sa dernière demie heure, alors qu’au centre se déroule un amour intemporel, une dualité attraction/répulsion ressentie par Laure pour son petit ami tué sous ses yeux. Ce « faux polar » aux accents dramatiques scelle la rencontre des deux personnalités les plus prometteuses de ce milieu des années 70.
Gérard Depardieu et Isabelle Adjani sont ainsi réunis pour la première fois: Lui, dans ce double rôle de composition, où il peut en même temps faire cohabiter sa fragilité et son animalité. Elle, vingt ans à peine, déjà dirigée précédemment par Truffaut et Polanski, tisse son jeu de plus en plus précis, additionné à sa photogénie imparable. Pourtant, ils se font presque voler la vedette par la très jolie Marie France Pisier, prostituée pour l’occasion, et qui obtint le César du meilleur second rôle féminin. Le casting comprend des pointures comme Brialy, Guiomar, Brasseur, Stévenin (on a vu pire distribution!). La musique de Philippe Sarde (un air entêtant) ajoute un supplément d’âme à ce conte un peu artificiel, difficile à cerner.
ANNEE DE PRODUCTION 1976.