Un mystérieux personnage commet des vols et des crimes impunis dans le Paris des années 60. Il se fait appeler Fantômas et revendique sa toute puissance et sa manière de ridiculiser la loi insupporte l’Inspecteur Juve, lancé à ses trousses. Le journaliste Fandor écrit un article à sensation sur ce phénomène et découvre que le criminel utilise de faux masques, revêtant l’identité de n’importe qui. Fantômas s’attaque justement bientôt à Fandor…
Dans l’oeuvre originale signée Marcel Allain, le personnage de Fantômas possédait un caractère sombre, voire tragique, et ses aventures ne relevaient que du policier pur. Mais en l’adaptant sur grand écran, le réalisateur André Hunebelle, habitué des films de cape et d’épée et féru d’action, préféra en faire une figure comique. Ce premier chapitre de la trilogie qui verra donc le jour se situe ainsi dans un savant mélange de comédie et de « policier » allégé et l’accent général vire très vite à la farce et une cascade de gags constitue l’essentiel de l’intrigue. Sur un rythme trépidant, le film cumule les dialogues amusants, les situations cocasses et la facétie de Fantômas provoque plus de rires que d’inquiétudes, malgré son masque en latex bleuté figé et inexpressif. Hunebelle n’a jamais été un cinéaste très inspiré et ici encore sa mise en scène se limite à filmer sommairement l’action. Les points positifs se situent ailleurs: un récit sans temps mort, des gadgets rigolos utilisés par le malfaiteur, et des rebondissements en pagaille (kidnappings, poursuites en voiture, en moto, en train, etc…). Des ingrédients qui assurèrent un succès monstre au box office. Grandement explicable aussi par l’implication de ses interprètes.
Comment oublier le tandem Jean Marais/Louis de Funès, acolytes des trois épisodes, respectivement journaliste et commissaire de police teigneux? Si Marais essaye de tirer à lui la couverture avec sa double casquette de Fandor et de Fantômas, c’est bel et bien De Funès qui emporte haut la main la mise dans sa composition d’un Juve hargneux et gesticulant, tempêtant contre son ennemi juré, en lui promettant milles fois un « Je t’aurais! » anthologique. La même année, Fufu enchaina avec Le Gendarme de Saint Tropez et devint la star que l’on sait. N’oublions pas de souligner la contribution charmante de Mylène Demongeot, en blonde fofolle et pas si idiote. Alors bien sûr, la patine du temps a laissé des traces de « kitscherie » sur le film et pourtant… malgré ses incessantes rediffusions télévisuelles, son aspect fort plaisant, lui, n’a pas pris de rides.
ANNEE DE PRODUCTION 1964.