Charlotte, adolescente de presque 14 ans, vit en province avec son père, modeste artisan, son frère et la bonne, Léone. Pour elle, le début de l’été coïncide avec les vacances, qu’elle redoute car elle se trouve vite désoeuvrée. Elle n’a que Lulu, 8 ans, sa petite voisine à la santé fragile qui la colle d’un peu trop près. Un jour, son chemin croise celui de Clara Bauman, une jeune pianiste prodige, qui lui ouvre des perspectives d’avenir inespérées…
Ancien assistant de Truffaut, Claude Miller a tracé son propre chemin de cinéaste et a signé des oeuvres très importantes comme La Meilleure Façon de marcher, Dites lui que je l’aime ou les polars sombres Garde à Vue et Mortelle Randonnée. Jusqu’ici, son cinéma n’avait pas vraiment fait dans la légèreté: avec L’Effrontée, il élabore une chronique douce amère sur les tourments et les rêves de l’adolescence avec une justesse incroyable. Proche dans l’esprit des 400 Coups, le film explore les affres de l’âge ingrat, ses doutes et ses complexes à travers le portrait d’une toute jeune fille introvertie, un peu mal dans sa peau et en même temps rebelle à sa manière. Avec ce scénario mixant séquences drôles et tendres et moments plus cruels, Miller décrit parfaitement la difficulté de s’exprimer, l’envie d’une autre vie et d’un ailleurs, le besoin d’évasion et finalement le poids terrible des désillusions. C’est le temps des flirts qui tournent court, des amitiés prometteuses, de lendemains enchantés… Les personnages, même secondaires, sont tous attachants et respirent l’authenticité, subtilement présentés par une mise en scène caressante, pudique. Un ton foncièrement séduisant et loin de tout artifice qui a conquis le public et entraina un succès considérable, propulsant le film au rang de classique immédiat. Aidé aussi par la chanson Sara Perche ti amo, encore sur toutes les lèvres.
La perle rare de ce projet est bien sûr sa jeune interprète aux gênes déjà étincelants: Charlotte Gainsbourg, fille de, a su imposer la magie de son naturel pour offrir une interprétation de tout premier ordre. Une actrice née en somme. Un César du meilleur Espoir lui reviendra en toute logique. A ses côtés, les plus aguerris Bernadette Laffont en bonne très maternelle et Jean Claude Brialy en manager cool, tandis que Raoul Billerey, Jean Philippe Ecoffey, Simon de La Brosse et la petite Julie Glenn achèvent de rendre la distribution très avenante. Une oeuvre fragile, gracieuse, inoubliable ayant obtenu un Prix Louis Delluc hautement justifié.
ANNEE DE PRODUCTION 1985.
