Poussé à bout, Palestra tue sa femme infidèle dans un excès de rage. Traqué par la police, il se réfugie dans un petit hôtel espagnol où Maria, une femme grecque en vacances avec son mari, tente de l’aider. Maria, elle aussi, connait la trahison puisqu’elle vient d’assister à l’adultère de son propre mari avec Claire, sa meilleure amie allemande… Les passions s’affolent…
Adapter Marguerite Duras au cinéma fut autant l’occasion de s’y casser les dents (Le Marin de Gibraltar, La Femme du Gange) que de parvenir à restituer son écriture « automatique » si singulière (Moderato Cantabile de Peter Brook et surtout le sublime Hiroshima mon Amour par Alain Resnais). Le défi que se lança Jules Dassin, réalisateur de deux gros succès internationaux (Jamais le Dimanche et Topkapi) de porter à l’écran 10H30 du soir en été (joli titre pour un roman pas bien fameux) a surpris dans un premier temps avant de consterner à l’arrivée. En effet, Dassin rate en beauté le passage des mots aux images, ne traitant jamais vraiment les thèmes soulevés par Duras: la violence du désir, la rivalité féminine, la fascination pour le crime passionnel sont esquissés ou bien carrément supprimés d’un script bâclé où l’on se demande bien ce que le réalisateur a réellement voulu dire. En prime, la mise en scène pesante et hyper maniérée n’arrange nullement l’entreprise, échouant à faire ressortir le drame existentiel de cette bourgeoise trompée par son mari et qui prend fait et cause pour un assassin lui même victime d’adultère. Dassin orchestre deux séquences d’eau très signifiantes (une sous une pluie intense, l’autre sous une douche torride), ses héroïnes n’en ressortent pas plus lavées de leurs péchés ou de leurs déceptions.
Comptant sûrement sur son casting pour élever le niveau, Dassin dirige sa femme et muse Mélina Mercouri, Peter Finch et Romy Schneider pour ce trio infernal peu palpitant. Si Mercouri passe vaillamment son examen en épouse alcoolique déchue, Romy doit se contenter d’un personnage très mal développé (évidemment toujours très belle mais bridée dans ses capacités de jeu). L’alchimie entre les deux actrices a eu lieu dans la vie, hélas pas dans le film! Dans ces conditions, et même avec beaucoup d’indulgence, il parait bien compliqué de sauver quoique ce soit de ce naufrage regrettable.
ANNEE DE PRODUCTION 1966.
