Peu fier de son ascendance, le Docteur Frankenstein accepte pourtant de se rendre sur les terres de son illustre grand père. Rattrapé par la folie familiale, il décide de suivre les expériences de son aieul et de créer à son tour une créature à partir de morceaux de cadavres. Mais son assistant, le facétieux Igor, récupère un cerveau anormal au lieu de celui d’un scientifique de renom. Le résultat va s’avérer désastreux…
Peut on tout à la fois parodier un film mythique tout en lui restant respectueux et en provoquant autant de rires que de nostalgie? La réponse est évidemment oui, grâce à Mel Brooks, spécialiste des films pastichant de célèbres classiques (Le Grand Frisson ou Space Balls notamment). Avec cette revisitation du mythe de Frankenstein, Brooks réalise sûrement un de ses opus les plus drôles. En gardant les ingrédients de l’original et du fantastique (les couloirs lugubres du château du savant, le laboratoire comme décorum de l’expérience « interdite », le cimetière où les cadavres sont déterrés, la peur de la créature envers le feu, etc…), il dynamite le fameux monstre inventé par Mary Shelley en littérature et adapté par James Whale au cinéma. Brooks signe une parodie folle, à l’humour prononcé, aux gags irrésistibles, et à l’inventivité débridée. Le plus miraculeux est qu’au delà de la farce, Brooks parvient à rendre hommage à la poésie originelle, en soignant ses décors et surtout grâce à un magnifique noir et blanc, comme à l’époque bénie des studios Universal. Frankenstein Junior déborde de jeux de mots, de clins d’oeil, de mise en abime entre réalité et fiction et tourne en ridicule les scientifiques mégalos souvent à la tête d’expériences délirantes.
L’absurde et les rires viennent principalement de l’acteur Gene Wilder, comique moins reconnu en Europe qu’en Amérique, et qui campe là un de ses rôles les plus mémorables. Soutenu par la présence de Mary Feldman, ancien membre de la troupe des Monty Python, aux yeux globuleux et qui incarne son assistant bossu toujours partant pour les facéties les plus amusantes. Les actrices ne sont pas en reste dans cet univers masculin, puisque Teri Garr, Cloris Leachman et Madeline Kahn (souvent employées par Brooks) rivalisent également de charme et de drôlerie. Enfin, dans le rôle du monstre, Peter Boyle assure avec sa carrure impressionnante et son faciès recousu de partout. Une perle rare dans le genre comédie qui n’a pas trouvé d’équivalent sérieux et qui, surtout, ne prend pas une ride.
ANNEE DE PRODUCTION 1974.