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LES YEUX SANS VISAGE

Eminent chirurgien, le professeur Genessier est obsédé par l’idée de rendre à sa fille Christiane, défigurée par un accident, ses traits d’autrefois. Epaulé par Louise, son assistante, il attire des jeunes filles qui ressemblent à Christiane pour tenter des greffes sur son visage…

S’il existe dans le cinéma français une tradition bien ancrée du merveilleux et du fantastique, de Meliés à Cocteau, on peut difficilement citer d’autres grands auteurs s’étant frotté à ce genre. Si ce n’est Georges Franju, signant avec Les yeux sans visage sa plus éclatante réussite. Lointainement inspiré de l’expressionnisme allemand avec ses contrastes, son thème du savant fou et l’aspect funeste qui va avec, le film possède des accointances avec l’épouvante, tout en gardant un réalisme sec en guise de mise en scène. Ce qui frappe le plus ici, ce ne sont en effet pas les docteurs sadiques, les couloirs lugubres ou les nuits effrayantes, mais une simple DS noire roulant à vive allure conduite par une femme inquiétante, des bistouris creusant une plaie, la nécrose d’un greffon de chair humaine. Des images fortes, comme autant d’empreintes d’une sombre poésie constituent la base de ce conte allusif, scintillant et glacial. La monstruosité se révèle dans un calme presque olympien, par d’infimes touches, créant une angoisse diffuse. Difficile de ne pas penser à Frankenstein évidemment, mais cette intrigue dérange d’autant plus que tout pourrait ici être vraisemblable. Franju se garde bien de filmer le visage détruit de la jeune héroïne, préférant le flou pour laisser libre cours à notre imagination. La précision chirurgicale (c’est le cas de le dire) du scénario, des plans, et du travail photographique d’Eugen Schufftan (déjà maitre d’oeuvre chez Lang ou Carné) impressionnent l’oeil autant que l’esprit.

En médecin sans scrupules et droit comme un I dans sa « folie », Pierre Brasseur en impose carrément, roc solide et jeu sec à l’appui. Sa complice, jouée par Alida Valli, à des années lumière de Senso, fait peur par sa froide détermination à faire le mal. Dans le rôle de la jeune défigurée, Edith Scob parait comme l’innocence sacrifiée sur l’autel de cette médecine criminelle et son visage-masque nous reste longtemps en mémoire après le mot FIN. N’oublions pas de citer la musique délicieusement entêtante de Maurice Jarre, telle une ritournelle de boite à musique, accompagnant un noir et blanc de toute beauté. Franju n’a pas eu beaucoup de concurrence pour faire suite à cet incontestable diamant noir.

ANNEE DE PRODUCTION 1959.

REVIEW OVERVIEW

Réalisation
Scenario
Interprétation

CONCLUSION

Une, poésie glauque, un scénario de Boileau Narcejac diabolique, une réalisation minutieuse de Franju. Un grand classique à voir et à revoir.

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