En plein coeur de l’Amérique des années 30, juste après la Grande Dépression, l’odyssée sanglante de Bonnie Parker, petite serveuse blonde et de Clyde Barrow, truand sorti de prison et simple voleur de voitures au départ. Ils se lancent dans une série de braquages audacieux, souvent en plein jour et à visage découvert, et certains se terminent par des échanges de tirs. Dès lors qu’ils sont poursuivis par la police, le gang devient de plus en plus redoutable…
Une date charnière dans le cinéma américain et dans la représentation de la violence à l’écran. Bonnie and Clyde évoque les faits réels de ce duo resté mythique par leurs agissements criminels et crapuleux et tombés sous les balles de la police, après des mois de cavale infernale à travers différents Etats. C’est Arthur Penn qui s’empare de ce sujet, fortement influencé par la Nouvelle Vague française et tournant d’ailleurs une grande partie du film en décors naturels, avec sa caméra énergique et à l’affût de ses personnages traqués et en fuite. Penn filme ses deux anti héros avec une certaine tendresse et rappelle qu’ils sont les enfants perdus d’une Amérique encore déboussolée par la crise de 29, foncièrement rebelles dans leurs actions, essayant de se faire une place au soleil, au mépris des lois et des valeurs établies. Bonnie and Clyde est aussi un manifeste enragé et anarchiste, assumant une violence frontale encore jamais vue et qui scandalisa à l’époque par son refus du « politiquement correct ». Ode à l’amour inconditionnel, il s’agit également d’un coup de foudre entre deux êtres qui n’auraient pas eu le même destin l’un sans l’autre, et sont restés indissociables jusque dans leur mort. Arthur Penn maitrise avec brio sa réalisation, toujours alerte, puissante, et ose une sophistication sur des images pourtant funestes. Comme par exemple le final, la terrible exécution du couple, filmé au ralenti, presque comme un ballet chorégraphié avec poésie et de manière implacable.
Warren Beatty (investi aussi dans la production) et Faye Dunaway sont éblouissants de beauté, de charisme, et forment un tandem légendaire pour qui l’on prend fait et cause, malgré leurs actes. Penn injecte un humour féroce dans de nombreuses séquences pour atténuer la sécheresse des moments plus sanglants. Parmi les rôles annexes, notons Gene Hackman en frangin complice et déjà très bon interprète, Gene Wilder, Michael J. Pollard. Bonnie and Clyde ouvre la porte au Nouvel Hollywood, menant son récit à une cadence inouïe, envoyant valser les diktats de la censure. Maintes fois plagié par la suite, le film reste l’indéboulonnable élément fondateur du genre policier.
ANNEE DE PRODUCTION 1967.