Jenny Davin, jeune médecin généraliste, très attentive à ses patients, n’ouvre cependant pas, par lassitude, la porte de son cabinet à une jeune femme noire, affolée, se présentant après la fermeture. Le lendemain, cette dernière est retrouvée morte sur le quai en face. Qui était cette inconnue? Rongée par le remord, Jenny décide de mener sa propre enquête afin de lui offrir au moins un nom au cimetière…
Le cinéma des Frères Dardenne existe avec sa belle singularité depuis leur révélation avec Rosetta en 1998. Adeptes d’un style social se penchant toujours sur l’humain, ils ont inventé cette histoire d’une jeune médecin, très consciencieuse, confrontée à la culpabilité à la suite d’une « faute » morale qu’elle a commise sans réfléchir. Et qui a sans doute causé la mort d’une inconnue. Au delà de sa vocation, elle va donc écouter son obsession et tout faire pour comprendre ce qui est arrivée à la victime et lui redonner un nom. Cette fois, le scénario se charge d’un côté thriller latent, venant enrichir les thématiques de la prostitution, du secret médical, de l’enquête policière. Les Dardenne soignent toujours aussi bien leurs études de caractères, allant au plus près des personnages, sondant leurs âmes, leurs incertitudes, leurs peurs. En fait, durant toute l’intrigue, la recherche effrénée de réponses se heurte aux silences, aux non dits, et Jenny, en tant que médecin, va s’évertuer de donner la parole à ceux ou celles qui savent des choses qu’ils n’ont pas dites à la police. Comme si pour connaitre l’autre, il fallait d’abord se reconnaitre en l’autre et enfin en bout de course, se connaitre soi ! La mise en scène, chirurgicale, prend son temps et ne déroule pas un rythme trépidant avec suspense à l’appui: ici, on est davantage dans une progression lente, une terre à défricher.
En jeune héroïne butée et obstinée, Adèle Haenel rentre convenablement dans la peau de ce médecin altruiste, en quête de justice, et tentant aussi de se « pardonner » à elle même un acte qui ne lui ressemble pas au fond. Les personnages secondaires ne sont pas tous très bien fouillés, hormis celui joué par Jérémie Rénier (un acteur fétiche des Dardenne), chaque fois intense dans ses compositions. Olivier Gourmet hérite d’un rôle « antipathique » d’un type muré dans son refus de dévoiler sa vérité. Si La Fille Inconnue ne trouve pas toujours la note juste, il s’inscrit incontestablement comme une oeuvre fort intéressante sur la culpabilité et un bon cru pour les auteurs de Le Gamin au Vélo. Leur souci de retranscrire une réalité sociale restant leur qualité principale.
ANNEE DE PRODUCTION 2016.