Joe Parkson, ancien soldat, vient de faire irruption dans la vie paisible et respectable de Franck Enley, marié et père de famille. Parkson fut jadis le survivant d’un groupe de prisonniers de guerre, trahis par l’un des leurs…
Parmi les oeuvres les plus connues de Fred Zinneman, on trouve évidemment Le Train sifflera trois fois ou le mythique Tant qu’il y aura des hommes. Mais dans sa filmographie se niche aussi des opus plus « modestes » totalement dignes d’intérêt et qu’il faut réhabiliter, pour leur éviter de tomber dans un oubli injuste. Acte de Violence, tourné seulement trois ans après la fin du conflit mondial, revient justement avec courage sur les vétérans de la guerre, leurs traumas et plus spécialement ici sur leur désir de vengeance. Débutant d’abord sous des auspices rassurants et ensoleillés, le scénario dérive très vite vers les ténèbres à travers le personnage de Parkson, clairement en quête d’un autre homme pour le supprimer. Quels furent leurs liens? Quelle faute a commise l’ex soldat? Zinneman entretient le suspense et respecte en cela les codes du film noir, avec ses clairs obscurs inquiétants (très belle photographie due à Robert Surtees), sa nuit profonde, ses personnages troubles. Jusqu’à très loin dans le récit, on ignore qui des deux est le traitre, lequel va s’avérer le plus dangereux et surtout quelle va être la conclusion de cette traque effrénée. Les thèmes de la culpabilité, de la rédemption et de l’obsession hantent cette histoire dans laquelle les femmes jouent également un rôle déterminant. Zinneman joue avec les apparences (souvent trompeuses) et dépeint des êtres avec une vraie psychologie et du vécu. L’influence très nette d’un classique comme Les Tueurs se fait sentir d’emblée et le fatalisme semble ne pas vouloir épargner ces vétérans blessés (mentalement ou physiquement, comme Parkson boitant et boiteux vers sa destinée).
L’affrontement entre Van Heflin et Robert Ryan, tendu jusqu’à son terme, fait également partie des qualités certaines du métrage. Heflin, souvent employé dans le polar (L’emprise du crime, La Possédée), brille un peu moins que Ryan, réellement inquiétant dans sa froide détermination, visage fermé et jeu introverti. Quant aux actrices, Janet Leigh, Mary Astor et Phyllis Thaxter, elles apportent chacune leur pierre à l’édifice. Acte de Violence baigne dans une sorte de mauvaise conscience assez inédite dans ce type de production. Il est juste dommage que le final verse dans une morale bien trop consensuelle.
ANNEE DE PRODUCTION 1948.