LOULOU

Nelly rencontre un soir dans une boite, Loulou, un jeune paumé. Violemment mise à la porte par son mari André, elle part vivre avec Loulou et entame une liaison avec lui. Bientôt elle attend un enfant. Pour autant, Loulou ne change pas de vie, ne travaille toujours pas et se partage entre le copains et les petits casses nocturnes. Blessée par cette attitude désinvolte, Nelly décide de ne pas garder le bébé…

Après le déchirant Nous ne vieillirons pas ensemble, Maurice Pialat continue son exploration des rapports de couple, quand ils sont conflictuels et douloureux. Loulou est clairement une histoire d’amour (et de cul) qui rappelle sans cesse le fossé entre les deux personnages, les clivages sociaux, sans pour autant délivrer un quelconque discours moraliste: Pialat est beaucoup plus intéressé à filmer les corps abandonnés à l’amour, au désir, à la violence aussi (les disputes bruyantes entre Nelly et son mari qu’elle abandonne), les frémissements de la chair. Le futur auteur de Van Gogh fuit le drame bourgeois ou la petite romance à deux balles pour établir un vrai constat sociologique et pointer les différences de mentalité entre les prolétaires et les plus fortunés: en ce sens, la longue séquence de déjeuner familial met à jour l’impossible accord entre ces deux êtres, liés par une illusion (un bébé à venir et que Nelly va choisir de « supprimer »). Pialat évoque l’avortement à une époque où il était peu fréquent dans les films. Sa mise en scène, toujours dans l’urgence, faites de plans séquences incroyablement longs et maitrisés, convoque une sorte de semi improvisation dans laquelle il ne demande qu’une chose: que la vie jaillisse dans toute sa vérité nue! Loulou, c’est également une oeuvre sur le mal de vivre, les vestiges du coeur, le choix d’une femme à disposer de son corps.

En loubard se laissant vivre, Gérard Depardieu apporte sa fougue, sa jeunesse, son vécu sûrement, Pialat a juste posé sa caméra, dit moteur et l’a observé dans son authenticité même. Sa partenaire, Isabelle Huppert, rentrée depuis peu dans le cercle fermé des actrices capables de tout incarner, se fond dans cette Nelly amoureuse, fonceuse, irréfléchie. Quant à Guy Marchand, il écope du rôle le plus ingrat, celui du mari trompé et largué, tentant à sa façon de garder sa fierté et souffrant pour son couple brisé: il est formidable de rage et paradoxalement de pudeur aussi. Avec Loulou, Maurice Pialat ouvre son cycle de films majeurs, viscéralement ancrés dans le réel, et se place parmi les réalisateurs français les plus importants.

ANNEE DE PRODUCTION 1980.

REVIEW OVERVIEW

Réalisation
Scenario
Interprétation

CONCLUSION

L'amour, le sexe, le couple et la vie: Pialat filme tout ça et en dit long sur la lutte des classes dans ce drame touchant. Depardieu et Huppert entièrement habités par leurs rôles.

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