Liane, 19 ans, incandescente et téméraire, est obsédée par son apparence physique et vit avec sa mère défaillante et sa petite soeur, sous le soleil de Fréjus. Très présente sur les réseaux sociaux où elle se montre le plus possible, Liane rêve surtout de devenir candidate d’une télé réalité. Elle passe un casting et attend fébrilement la réponse…
Premier long métrage d’une nouvelle réalisatrice nommée Agathe Riedinger, Diamant Brut a fait sensation au dernier festival de Cannes dans la section Un Certain Regard. Elle y explore le monde superficiel des réseaux sociaux et la culture du vide qui en découle, à travers le portrait d’une jeune bimbo prête à tout pour accéder à la notoriété. Dans une quête effrénée du « tout tout de suite », Liane l’héroïne apparaît au premier abord libre de ses choix, déterminée et fonceuse, et pourtant progressivement le « miroir aux alouettes » se fissure pour capter un vrai désespoir. Le désarroi d’une fille perdue dans ses illusions de gloire, victime de graves carences affectives, lui empêchant d’avoir un point de vue objectif sur la réalité qui l’entoure. La réalisatrice la filme au plus près, comme pour pénétrer son âme, ne la jugeant jamais, et prenant paradoxalement de la hauteur par rapport à son sujet. En demande permanente d’approbation et d’amour venant d’inconnus qui commentent ses photos et ses posts (dont on a un florilège « matraqué » plein écran), Liane passe sa vie à structurer une image d’elle, alors que les « fondations » de sa psyché ne reposent que sur un sol friable (père absent, mère défaillante et toxique). La faiblesse la plus marquée se trouve sans doute dans le scénario qui accuse des répétitions et des moments de flottement dans lesquels le rythme s’essouffle un peu. Il n’empêche que pour un coup d’essai, Diamant Brut garde une bonne tenue générale.
Grâce aussi à la révélation du film, Malou Khebizi, étonnante dans ce rôle rappelant le personnage de Loana ou de Kenza (stars des télé réalités des débuts), accentuant à peine son côté « cagole » et son langage souvent ordurier. Elle parvient à la rendre malgré tout attachante par quelques nuances presque impalpables, comme dans cette ultime scène où dans l’avion qui la mène enfin au but qu’elle s’est acharnée à atteindre, on ressent sur son visage à la fois de la fierté et de l’angoisse pour l’avenir. Surtout de l’angoisse d’ailleurs. A noter la participation d’Andréa Bescond dans le rôle de la mère à côté de la plaque qui se défend très bien et explique bien des choses sur le néant dans lequel sa fille se débat.
ANNEE DE PRODUCTION 2024.