MAY

May, jeune fille timide et étrange, a souffert depuis sa prime enfance d’un oeil malade. Elle a toujours eu un mal fou à se faire des amis. Lassée de sa solitude (elle parle seule avec sa poupée Soozy), elle rencontre et aime diverses personnes: Polly, sa collègue lesbienne du cabinet vétérinaire où elle travaille, et Adam, un beau garagiste avec des mains magnifiques. Or, toutes ces aventures se terminent mal. Sa psyché déjà fragile va alors se fissurer de plus en plus dangereusement…

Voici un des films d’horreur les plus originaux du début des années 2000. Signé par l’américain Lucky MacKee, scénariste et auteur, May propose une horreur mentale, psychologique très singulière sous la forme d’un portrait féminin « hors normes ». On s’attache presque à cette jeune fille frêle, introvertie, au visage enfantin, alors que le récit la décrit peu à peu comme une aliénée, certes adorable, mais une aliénée tout de même. Au menu, des thèmes chocs savamment distillés: la frustration sexuelle, l’automutilation, la difficulté extrême de se sociabiliser et enfin la descente aux enfers d’une personnalité fissurée de partout. MacKee a écrit une histoire dérangeante qui tranche dans le vif (c’est le cas de le dire), démarrant quasiment comme un « teen movie » des années 90 (les maladroits et les complexés ont aussi droit à l’amour après tout), avec par ci par là un certain humour et puis dérive insidieusement vers l’étrange et l’inconfort totals. Avec une poésie morbide, May lorgne du côté de Frankenstein, de Lynch, et puis le gore s’invite dans une ultime demie heure, radicale comme on pouvait s’y attendre et que ce réalisateur débutant maitrise admirablement. Réflexion psychanalytique judicieuse, cette oeuvre « marginale » n’explique pas vraiment l’origine des traumas de son héroïne, ce qui rend l’ensemble encore plus malaisant.

Si l’épouvante monte crescendo de manière si efficace c’est également par le talent de l’actrice principale, Angela Bettis, portant ce personnage « border » avec une force peu commune et qui, hélas, n’a pas confirmé par la suite. Ses partenaires, Jeremy Sisto (connu par la série Six Feet Under) et Anna Faris (la blonde rigolote et un peu débile des Scary Movie) se défendent plus qu’honorablement face à cette tornade de charisme. En réunissant dans son atelier de couture à domicile les morceaux de corps qui vont lui permettre de créer un « ami idéal » à ses yeux, May s’isole dans sa démence, comme une lointaine cousine de Norman Bates. Un film saisissant dont on sort pour le moins secoué.

ANNEE DE PRODUCTION 2003.

REVIEW OVERVIEW

Réalisation
Scenario
Interprétation

CONCLUSION

Un film de genre vraiment original, brillamment mis en scène, avec un récit devenant peu à peu très inquiétant. Angela Bettis, actrice étonnante, accomplit un travail de composition admirable.

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